Afrique et Océan Indien

Partir pour un voyage culturel en Afrique avec Arts et Vie est l’occasion idéale pour découvrir ce continent envoûtant dont les ressources n’ont pas fini de vous surprendre.

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Cap-Vert
Le Cap-Vert, un kaléidoscope de paysages

Par Marie Lagrave

Bien sûr, il restera toujours pour nous le « Petit Pays » chanté par Césaria Évora… Mais si la voix de la diva aux pieds nus continue de résonner dans le monde entier, les images du Cap-Vert se font décidément plus rares. Situées à quelques centaines de kilomètres au large du Sénégal, ces îles volcaniques abritent pourtant de fabuleux paysages. Des terres brûlées par les éruptions successives, aux vallées fertiles couvertes de plantations en terrasse, en passant par les plages paradisiaques et les forêts luxuriantes, le Cap-Vert offre un étonnant kaléidoscope où la nature déploie toute sa splendeur.

Le pico de Fogo depuis la caldeira de Fogo, Cap-Vert
Le volcan Pico de Fogo © J.-P. Levrault
Le volcan Pico de Fogo, au Cap-Vert
Le volcan Pico de Fogo © J.-P. Levrault
Le volcan Pico de Fogo, au Cap-Vert
Le volcan Pico de Fogo © E. Dominioni
Vue sur Mindelo, capitale culturelle du Cap-Vert
Vue sur Mindelo, capitale culturelle du Cap-Vert © V. Duclaux-Gaubert
Le cratère de Cova
Le cratère de Cova © B. Le Bivic
Plage de Sao Vincente
Plage de Sao Vincente © J.-M. Laurent
Dans la vallée de Paul, à Santo Antão au Cap-Vert
Dans la vallée de Paul, à Santo Antão ©J.-M. Laurent
L'île de Santo Antão (vue depuis la mythique route pavée de la Corde)
L'île de Santo Antão (vue depuis la mythique route pavée de la Corde) © J.-P. Levrault
Plage de Tarrafal
Plage de Tarrafal © J.-M. Laurent
Alto Mira sur l'île de Santo Antão
Alto Mira sur l'île de Santo Antão © B. Le Bivic
Phare de São Pedro, sur l'île de São Vicente
Phare de São Pedro, sur l'île de São Vicente © L. Domenach
Peintures murales à Baia Do Norte, sur l'île de São Vicente
Peintures murales à Baia Do Norte, sur l'île de São Vicente © J.-P. Levrault
marché au Cap-Vert
Marché © V. Duclaux-Gaubert
Peinture murale en hommage à Césaria Évora
Peinture murale en hommage à Césaria Évora © V. Duclaux-Gaubert
La ville Sao Filipe, sur l'île Fogo
La ville Sao Filipe, sur l'île Fogo © V. Duclaux-Gaubert
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Namibie
Rencontre avec les femmes héréros en Namibie

Par J.-P. Levrault

Poupées héréros, artisanat traditionnel en Namibie

Poupées héréros © J.-P. Levrault

Le circuit Arts et Vie « Sables du Namib » invite à découvrir la passionnante Namibie, aux paysages éblouissants. Cet itinéraire permet de découvrir le parc national d’Etosha, fourmillant de vie sauvage, les dunes rouges de Sossusvlei s’étendant à perte de vue, l’abrupt canyon de la Fish River… mais aussi d’approcher des peuples, les Himbas et les Héréros, aux fascinantes traditions séculaires. Jean-Pierre Levrault, accompagnateur Arts et Vie, nous raconte ainsi une rencontre au détour du chemin avec quelques femmes d’une coopérative héréro.

Lors du voyage en Namibie organisé par Arts et Vie, nous passons par la route C35, depuis les monts Brandberg jusqu’à la ville de Khorixas. En plein désert, de petites cabanes en bois se dressent le long de la route. Là, des femmes en habit traditionnel héréro attendent patiemment pour présenter de petites poupées de tissu, soigneusement habillées du même costume emblématique.

Une robe comme symbole de résistance

Leurs vêtements sont d’amples robes victoriennes, en tout point semblables à celles que portaient autrefois les femmes allemandes. En effet, les Héréros ont choisi de se parer des mêmes costumes que ceux qui les ont colonisés à la fin du XIXe siècle, puis massacrés dans ce que l’on considère généralement comme le premier génocide allemand. Si cela peut sembler paradoxal, porter le costume du colonisateur a été pour les Héréros un signe de défiance et de force vis-à-vis de l’oppresseur. Ces vêtements leur permettent aujourd’hui d’affirmer leur identité et de revendiquer leur histoire.

Les robes que portent les femmes abordent des couleurs chatoyantes. À l’origine, couleurs et motifs permettaient de distinguer les différents groupes au sein de la communauté. Leurs coiffes sont ornées de cornes rappelant celles du bétail, car les Héréros sont des éleveurs de bovins.

À lire également : L’ascension de « Big Daddy », la grande dune

Femme héréro en costume traditionnel, en Namibie

Femme héréro en costume traditionnel © J.-P. Levrault

Une communauté solidaire

Lorsqu’on s’arrête au bord de la route, c’est bien sûr dans l’intention de découvrir leur artisanat et d’acheter une ou plusieurs poupées. Les femmes acceptent en outre volontiers d’être photographiées avec leurs superbes robes, à condition que vous achetiez l’une de leurs créations, une manière légitime de soutenir leur communauté.

En effet, ces femmes se sont organisées en coopérative et si certaines gagnent plus d’argent que d’autres au moment du passage des touristes, l’argent est partagé entre toutes celles présentes pour la vente et celles qui confectionnent les poupées dans le village. Ce système de partage reflète la solidarité et la cohésion au sein de la communauté héréro, offrant un aperçu poignant de leur mode de vie et de leur résilience.

Découvrir le circuit Arts et Vie « Sables du Namib »

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Égypte
La « Trilogie du Caire » de Naguib Mahfouz, immersion égyptienne

Par Bénédicte Staut

La « Trilogie du Caire » de Naguib Mahfouz

Le Caire, métropole animée aux rues labyrinthiques et aux contrastes saisissants, servit de toile de fond vibrante aux écrits de Naguib Mahfouz, qui y puisa son inspiration pour sa célèbre trilogie, souvent désignée comme la « Trilogie du Caire ». Le premier écrivain de langue arabe à recevoir le prix Nobel de la littérature y peint une fresque captivante de la vie quotidienne, avec une richesse de détails saisissante, tout en explorant les dilemmes sociaux et les luttes individuelles qui marquent l’évolution de la société égyptienne au fil du XXe siècle. Mahfouz a ainsi consolidé sa place parmi les plus grands auteurs en laissant un héritage littéraire indélébile centré sur la vibrante métropole du Caire. Lorsqu’il raconte la vie d’une famille cairote entre les deux guerres mondiales, il propose une tension nouvelle dans la littérature arabe entre traditions et modernité, accompagnée d’éléments politiques perturbateurs.

Portrait de l'écrivain Nagib Mahfouz
Naguib Mahfouz © Wikimedia Commons

Mahfouz et Le Caire : une symbiose littéraire

Naguib Mahfouz naît le 11 décembre 1911 au Caire, plus précisément dans le vieux Caire islamique, au sein du quartier de Gamaleya. Issu d’une famille nombreuse et modeste, il se sentit élevé comme un enfant unique compte tenu de la grande différence d’âge avec ses frères et sœurs, beaucoup plus âgés que lui. Dès l’âge de 9 ans, il se tourna vers la lecture et l’écriture.

Le Nil, ce fleuve qui a transformé le désert en oasis et qui a profondément influencé la mentalité collective des Égyptiens, a également été un refuge et un foyer de création pour l’écrivain. Il vécut ainsi plusieurs années sur une dahabieh (une péniche égyptienne) avec son épouse, et cette expérience le marqua durablement.

Une révolution de la littérature égyptienne

Au début du XXe siècle, le genre littéraire prédominant en Égypte restait la poésie. Le roman y était alors perçu comme contraire aux bonnes mœurs et très occidental. Mahfouz s’empara néanmoins de ce genre, où tout ou presque restait encore à inventer. Cette initiative lui permis de devenir l’un des premiers grands romanciers de la langue arabe.

Son attrait pour la narration lui permit d’explorer une multitude de genres et sujets différents. Il s’intéressa ainsi à l’époque pharaonique avec Akhénaton le renégat, au réalisme que l’on peut retrouver dans Chimères, ou encore au fantastique, en proposant une poursuite des Mille et Une Nuits. Son style propose un mélange harmonieux entre l’arabe littéraire et la langue vernaculaire. Cette combinaison permet de rendre la littérature accessible à une plus grande majorité.

Le triptyque égyptien

Impasse des deux palais, 1956

Le premier volet débute comme une simple histoire de famille. Le lecteur est plongé en totale immersion dans les rues et ruelles du Caire, et découvre la complexité de la vie cairote. On suit ainsi la vie d’Ahmed Abd-el-Gawwad, père de famille, qui mène en quelque sorte une double vie. Père autoritaire attaché aux traditions au sein de son foyer, il fréquente néanmoins assidûment les lieux de plaisirs et de divertissements de la vie nocturne cairote. Le roman met en scène sa famille : Fahmi, son frère cadet, qui sous son caractère timide, cache des convictions puissantes ; Yasine, son fils aîné, issu d’une première union ; Amina, sa femme, soumise jusqu’à l’esclavage ; Khadiga, leur première fille au physique ingrat et à la langue acérée ; Aïsha, leur seconde fille, rêveuse et convoitée ; et enfin Kamal, leur benjamin intelligent.

Mais Mahfouz va plus loin en évoquant une période fondamentale de l’histoire de l’Égypte. En effet, avec le début de la Première Guerre mondiale, de nombreuses conséquences sur la vie au pays vont apparaître. Mahfouz mobilise ainsi son récit au service de l’Histoire.

Le Palais du désir, 1957

À travers le second volume, les lecteurs continuent d’être surpris par la précision de Naguib Mahfouz. Il dévoile l’intimité de la famille, développant le caractère psychologique de ses personnages avec un réalisme stupéfiant. Les enfants notamment ont bien grandi, s’affirmant de plus en plus contre l’autorité du patriarche. La société cairote connaît également de profonds bouleversements…

Le Jardin du passé, 1957

La trilogie se termine avec Le Jardin du passé, tome dans lequel Mahfouz rend compte aux lecteurs pour la dernière fois de la vie de cette famille à travers la société et l’histoire égyptienne. Tout comme annonce le titre, ce tome laisse une large place à la réminiscence des personnages malgré le chamboulement de la politique en Égypte et l’arrivée de la Seconde Guerre mondiale.

En recevant son prix Nobel de littérature en 1988, Naguib Mahfouz s’impose comme un grand écrivain de la langue arabe. Ainsi, sa trilogie est traduite dans plusieurs dizaines de langues et diffusée dans une centaine de pays, permettant de découvrir la richesse de la littérature arabe au-delà de ses frontières linguistiques et culturelles.

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Tunisie
1 voyage, 3 regards – Tunisie

Article originellement publié dans le Arts et Vie Plus #153 – Automne 2018

 

La Tunisie, joyau ensoleillé de l’Afrique du Nord, dévoile un mélange fascinant de richesses culturelles, d’histoire millénaire et de paysages variés. Des cités antiques qui résonnent encore des échos des Carthaginois aux médinas animées parsemées de ruelles sinueuses, le pays offre une immersion captivante dans le passé tout en embrassant le présent avec une hospitalité chaleureuse. Partons à la découverte de ce pays où le patrimoine ancien se mêle à la modernité, où le désert laisse place à la mer, et où chaque recoin offre une invitation à l’émerveillement.

À lire également : Solidarité Laïque et Arts et Vie en Tunisie

Mosaïques romaines

Mosaïque dans le musée d’El-Djem en Tunisie © P. Causel

L’empire romain s’établit sur le sol tunisien au terme de trois guerres puniques visant à anéantir la cité-État de Carthage qui lui faisait de l’ombre en Méditerranée. Une fois débarrassée de l’encombrante rivale (en 146 av. J.-C.), Rome entreprit de fonder sa “province d’Afrique” en construisant moult villes florissantes. La Tunisie a hérité de cette époque des vestiges de grande valeur parfaitement conservés.

L’art de la mosaïque, en particulier, s’y est illustré avec un talent remarquable mêlant verve ornementale, sens des couleurs, ampleur et originalité des compositions. Le musée national du Bardo, à Tunis, abrite ainsi l’une des plus riches collections de mosaïques romaines au monde. Celles-ci proviennent de différents sites antiques du pays (Carthage, Hadrumète, Dougga, Utique) et offrent un témoignage saisissant de la vie quotidienne en Afrique romaine : scènes rurales, de chasse et de pêche, jeux du cirque, banquets ou encore célébration de la poésie, tel le fameux portrait du poète Virgile entouré de deux muses, considéré comme un joyau unique.

Le musée archéologique de Sousse livre lui aussi un panorama éloquent de cet art décoratif que la Tunisie n’a d’ailleurs jamais cessé de cultiver au fil des siècles, tandis que celui d’El Jem, petite ville située aux portes du Sahel, en fournit une autre illustration exceptionnelle avec ses pavements polychromes issus des riches villas de l’antique Thysdrus. Pour tous les amoureux de mosaïques, le pays du jasmin est une terre d’élection.  

Kairouan, ville sacrée

Dans la mosquée du Barbier, à Kairouan © R. Andro

La conquête arabe s’est affirmée à partir de 670 avec la création de Kairouan en plein centre du pays, à mi-chemin entre mer et montagne, entre villes byzantines du Nord et populations berbères du désert. Capitale de l’Ifriqiya jusqu’au XIIe siècle (Tunis lui succède alors dans cette fonction politique), la cité constitua un lieu de diffusion majeur de la civilisation arabo-musulmane. Elle est classée au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1998. Sa médina, entourée de remparts sur trois kilomètres, abrite en effet au détour de ruelles et d’échoppes colorées des monuments exceptionnels.

Parmi eux, la Grande Mosquée, ou mosquée Oqba Ibn Nafi, est l’un des plus vieux lieux de culte musulman. Largement agrandie au IXe siècle, elle devint une source d’inspiration dans tout le Maghreb notamment par l’éventail de ses motifs décoratifs. Ses proportions sont impressionnantes : elle couvre une superficie de 9000 m2 et la salle des prières est soutenue par 400 colonnes de marbre. La mosquée des Trois Portes, édifiée à la même époque, possède quant à elle la façade sculptée la plus ancienne de l’islam. Les bassins des Aghlabides, également contemporains, attestent du remarquable ensemble hydraulique qui fut conçu pour approvisionner la ville en eau. Kairouan demeure aujourd’hui la première ville sainte du Maghreb et la quatrième du monde musulman après La Mecque, Médine et Jérusalem. Elle doit son nom à la route des caravanes (qayrawan en arabe) qui l’a traversée pendant de longs siècles.

Les ksour, étonnants greniers à grain

Les ghorfas de Médenine © J.-C. Chéron

Le sud-est tunisien, dans la région de Tataouine, fait émerger des constructions singulières à la silhouette séduisante : les ksour. Dignes d’un décor de conte de fées, leur vocation est pourtant très pragmatique. Ce sont des greniers collectifs édifiés en pierres sèches et souvent recouverts d’un enduit ocre. Ils pouvaient être destinés à une ou plusieurs tribus, berbères ou arabes.

Ils sont composés d’un ensemble de cellules — les ghorfas — qui s’étagent sur différents niveaux, parfois jusqu’à dix mètres de haut, évoquant les alvéoles d’une ruche. Chaque cellule du dernier étage est ponctuée par un dôme. Les ksour servaient à stocker des denrées (céréales, olives) en prévision de périodes de sécheresse et assuraient leur sécurité pendant les saisons de transhumance. Ils sont généralement pourvus d’un couloir permettant d’accéder à une cour qui était un lieu de vie sociale et de transactions commerciales. Certains faisaient aussi office de citadelle : édifiés sur des éperons rocheux, en surplomb de villages troglodytiques, ils étaient utilisés comme refuges par les habitants lors d’incursions hostiles. Ceux de Douiret et Chenini sont ainsi construits sur des sites imprenables.

On dénombre une centaine de ksour dans le Sud tunisien et les plus anciens sont âgés de dix siècles. Leur fonction agricole ayant disparu depuis quelques décennies, le pays s’interroge aujourd’hui sur les meilleures façons de sauvegarder ce patrimoine si spécifique.

À découvrir lors du circuit Arts et Vie : Tunisie romaine et Sud

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Cap-Vert
Césaria Évora, la voix du Cap-Vert

Césaria Évora, la diva aux pieds nus

Par Flavie Thouvenin

Originellement publié dans le Arts et Vie Plus #157 de l’automne 2019

Petits lopins de terres échoués au large du Sénégal, les îles du Cap-Vert battent vents et marées. De vert, les mauvaises langues disent qu’elles n’en ont que le nom : leur sol est ocre et rocailleux, la végétation se fait timide, l’air est sec et aride, et la mer qui déchire leurs côtes rendent la vie rude à leurs habitants. Ainsi le charme du « Petit Pays » — qui n’en manque assurément pas — est longtemps demeuré un secret bien gardé, ne se révélant qu’aux marins de passage ou aux voyageurs les plus audacieux. Au tournant des années 90, pourtant, une femme à la voix chaude et chargée des embruns de ce morceau d’Afrique au milieu de l’Atlantique révéla l’archipel aux yeux du monde entier…

Tout juste débarqué sur l’île de São Vincente, le visiteur la croise déjà : à la sortie de l’aéroport de Mindelo — qui depuis 2012 porte son nom — une statue de la dame trône fièrement. Au bureau de change, c’est sur les billets de 2 000 escudos qu’on la retrouve. Le ton est donné : Césaria Évora est partout. Pourtant, rien ne prédestinait la jeune femme a un tel succès…

Une enfance bercée par la musique

Une fresque de Césaria Evora © L. Domenach

Une fresque de Césaria Evora © L. Domenach

Née à Mindelo en 1941, Césaria est issue d’une famille nombreuse et pauvre de 7 enfants, d’une mère cuisinière et d’un père violoniste et guitariste ; la musique, depuis toujours, coule dans son sang. Très jeune, déjà, elle en est convaincue : elle sera une très grande chanteuse ou ne sera pas !

C’est à la faveur de plusieurs rencontres que son destin bascule. À l’adolescence d’abord, elle est repérée par Eduardo, marin portugais et guitariste à ses heures perdues, qui à la fin des années 50 l’initie aux chants cap-verdiens et l’introduit dans les bals et les bars des nuits frénétiques de Mindelo ; à la vingtaine ensuite, elle croise la route de Gregorio Gonçalves, dit Goy, star locale de la morna qui lui fera faire sa toute première radio et la lancera sur les pas du succès.

Les premiers succès de la diva

Dès lors, la jeune femme écume les scènes de l’archipel et se taille un nom dans tout le pays : elle enregistre ses premiers 45 tours et rentre dans le cercle très privé des meilleures voix du Cap-Vert. Si son timbre envoûte l’assistance qui la reconnaît déjà comme l’une des plus brillantes interprètes de son époque, elle demeure inconnue hors des frontières et peine à vivre de son art.

Femme libre et affranchie, au caractère bien trempé, elle refuse les codes et ne bénéficie pas de protecteur, au contraire des autres chanteuses du milieu : son attitude dérange, et peu à peu, la jeune femme perd espoir de faire carrière. D’autant que la morna perd du terrain suite à l’indépendance du Cap-Vert en 1975, jugée trop proche du fado du Portugal colonisateur. Césaria Évora jette l’éponge et s’éloigne de la scène : s’en suivront dix longues années de silence…

Le retour à la scène

Il faudra attendre 1985 pour que la chanteuse renoue avec la musique. À l’occasion des dix ans de l’indépendance du Cap-Vert, poussée par une association de femmes marxistes — parmi lesquelles figurent en premier rang son amie Isaura Gomes, femme politique et militante féministe du Cap-Vert, rencontre fondamentale dans le second tournant de sa carrière —, elle accepte de participer à l’enregistrement à Lisbonne d’une compilation regroupant les meilleures chanteuses de l’archipel.

S’ensuivent quelques petits concerts et une nouvelle rencontre décisive : de passage dans la capitale portugaise, un jeune cheminot français d’origine cap-verdienne, grand amateur de musique de l’archipel, José Da Silva, mise tout sur la chanteuse et par le biais de ses relations propulse sa carrière.

Le triomphe de la sodade

En 1988, paraît ainsi son premier album, La Diva aux pieds nus (en référence à son habitude de se produire sur scène sans chaussures), suivi deux ans plus tard de Mar Azul. Les critiques européens avertis reconnaissent déjà l’immense talent de la chanteuse mais c’est en 1992, avec l’album Miss Parfumado, que le triomphe est au rendez-vous. Le grand public la découvre alors avec sa reprise du standard cap-verdien Sodade : sa voix suave, son interprétation et son phrasé particulier captive le monde entier. Vendu à plus de 300 000 exemplaires, ce nouvel opus braque les projecteurs sur le Cap-Vert, ce « petit pays » tel que le chanta Césaria, oublié jusqu’alors.

Dès lors, l’histoire d’amour entre la chanteuse et le public ne faiblira plus. Écumant les scènes les plus prestigieuses — elle remplit l’Olympia à deux reprises dès juin 1993 —, Césaria Évora enchaîne les disques d’Or, les duos au sommet (avec les stars brésiliennes Caetano Veloso et Marisa Monte notamment) et les tournées à guichet fermé, infatigable. Il faut dire que la chanteuse, au-delà de manier sa voix comme aucune autre, sait s’entourer de la fine fleur des musiciens et des compositeurs. En 1999, son album Café Atlantico s’écoule à 700 000 exemplaires et lui vaut une Victoire de la Musique quand, quelques années plus tard, c’est un Grammy Award qui vient récompenser Voz d’amor.

L’âme du Cap-Vert

Si elle déclare alors avoir renoncé aux excès qu’on lui connaissait (la diva avait un faible pour les alcools forts et une cigarette toujours au bout des doigts), le rythme effréné de ses années de succès finira par avoir raison de sa santé. En septembre 2011, fatiguée, elle raccroche le micro, et sera bientôt emportée par la maladie, en décembre de la même année.

Une peine immense s’abat alors sur l’archipel. Mais selon le proverbe cap-verdien « le corps s’en va, l’âme reste », et à n’en pas douter, l’âme de Césaria Évora continue de planer sur São Vicente, son île adorée, qu’elle a toujours refusé de quitter. À Mindelo, les habitants aiment à raconter ses frasques et les complaintes de la chanteuse n’en finissent pas de résonner dans les cafés où se prélassent les touristes, dans les petits bars du port fréquentés par les marins de passage et les habitués, dans les arrière-cours et les patios des vieilles maisons coloniales à la faveur d’un dîner entre amis…

À découvrir lors de notre circuit : « Le Cap-Vert : l’archipel grandeur nature »

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Rêve d’Afrique sur le lac Kariba

Rêve d’Afrique

Par P. Laroque

Au fil de mes rêveries sur le site internet d’Arts et Vie, je fus interpelée l’autre jour par le voyage intitulé “L’Afrique australe à bord de l’African Dream”. “African Dream”, ces deux mots suffirent à éveiller mon imagination et très vite les images et les mots se bousculèrent dans ma tête. Quelques photos, le programme jour par jour, le descriptif du bateau… et me voici déjà à bord de ce navire à l’élégance discrète et distinguée qui m’entraine à la découverte des trésors de cette région qui m’appelle…

Contemplation sur le lac Kariba

Il faisait déjà chaud ce matin-là. Première nuit sur le bateau, premier lever de soleil sur le lac Kariba. De timides rayons de lumière commençaient à colorer de rose le ciel profond encore constellé d’étoiles. Les silhouettes d’arbres engloutis se dévoilaient progressivement et dessinaient de fines esquisses noires face au soleil.

Installés sur la petite terrasse qui surmontait le bateau, nous étions devenus les spectateurs ébahis face au plus émouvant des ballets. La nature était si calme qu’il me venait l’envie de parler à voix basse pour ne pas troubler ce paisible tableau.

Après nos cinq premiers jours de voyage à la découverte de Johannesburg, de Kasane, du parc naturel de Chobe… notre croisière à bord de l’African Dream nous semblait être une délectable bulle de sérénité. Nous nous retrouvions immergés au cœur de ce paysage sauvage et singulier, avec ce sentiment étrange de faire partie du décor. Sur la quinzaine de personnes qui composaient notre groupe, nous étions six ce matin-là à nous retrouver sur le pont ; les autres avaient sans doute préféré admirer le paysage depuis leur cabine. Chacun vivait son voyage à sa façon. Sans presque aucun mot nous vivions ensemble ces instants d’exception.

Safari aquatique

Éléphant sur les rives du lac Kariba © CroisiEurope

Après nous être laissé emporter au fil des eaux tranquilles de cette petite mer intérieure créée grâce à la construction d’un barrage dans les années 1950, nous embarquâmes sur de plus petites embarcations afin de remonter les minces cours d’eau qui l’alimentent. Nous y avons pu apercevoir antilopes, roans, zibelines, koudous… les lions ne furent pas au rendez-vous ! Mais peu importe ! Nous laissons le sensationnel à tous ces groupes accrochés à leurs téléobjectifs. Mes compagnons et moi-même étions davantage à la recherche d’authenticité et de sensations. Nous profitions heureusement de ces moments sans penser à nos publications sur les réseaux sociaux ! C’est aussi ça, voyager avec Arts et Vie : se faire petit, écouter, apprendre et partager l’instant présent.

Dans la douceur du soir

De retour sur notre navire, nous nous dirigeâmes doucement vers Palm Bay qui forme une petite anse, tout au nord du lac. Au passage une famille d’éléphants sembla nous saluer. L’heure était aux ablutions du soir pour eux. Le passage de notre bateau ne semblait pas les déranger. Ils restèrent impassibles, immenses, majestueux. Et tandis qu’au fil des minutes le ciel se teintait d’un rose vif, presque irréel, nous passions à table dans la salle à manger dont les larges baies vitrées restaient ouvertes sur l’extérieur. C’est ainsi, dans l’air frais du soir que s’acheva notre journée africaine sur le lac Kaiba. Nous avons beaucoup ri, échangé nos impressions de la journée, racontés de vieilles anecdotes tout en profitant jusqu’aux dernières lueurs du jour de ce décor à nul autre pareil.

Le RV African Dream © Kevin Hogan

Découvrez notre programme Événement : Afrique australe à bord de l’African Dream

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Kenya
Fiche pays – Kenya

Par Léana Camara

Le Kenya, destination phare d’Afrique de l’Est, est connu pour sa faune incroyable et ses paysages époustouflants, faisant de ce pays un véritable paradis pour les amateurs de safaris. Souvent perçu comme une immense savane s’étendant à perte de vue, le Kenya abrite pourtant non seulement le Kilimandjaro, la plus haute montagne du continent, mais également des plages idylliques bordées par l’océan Indien. Au-delà de ses entendues sauvages, le Kenya offre également un patrimoine culturel passionnant que l’on découvre au travers de rencontres avec les tribus fascinantes qui y vivent, comme les Masaï. Prêts à partir à l’aventure ?

CARTE D’IDENTITÉ

Capitale : Nairobi

Superficie : 580 876 km²

Nombre d’habitant : 54 ,03 millions

Fuseau horaire : UTC +3 (2 h de décalage avec la France en hiver et 1 h en été)

Monnaie : Shilling kényan (KES)

Langues : le swahili et l’anglais sont les deux langues officielles du pays

Météo : le Kenya possède un climat tropical, avec une alternance de saison sèche et de saison humide. Le pays connait deux saisons des pluies, l’une d’avril à début juin, plus importante que la seconde, de novembre à mi-décembre.

LES INCONTOURNABLES DU KENYA

La réserve nationale du Masaï Mara

La réserve nationale du Masaï Mara est l’une des réserves animalières les plus célèbres d’Afrique. Elle offre de vastes plaines dorées à perte de vue, où des troupeaux d’éléphants, de girafes, de guépards et de buffles se déplacent gracieusement. Mais ce qui rend le Masai Mara vraiment unique, ce sont les grandes migrations annuelles des gnous et des zèbres. Des milliers d’animaux traversent alors la rivière Mara, bravant les crocodiles affamés pour atteindre de nouvelles terres, offrant un spectacle à couper le souffle ! Si vous aimez la nature et les animaux sauvages, la visite du Masaï Mara sera pour vous une expérience inoubliable.

Le lac Nakuru

Le lac Nakuru est un véritable joyau de la nature. Situé dans le parc national éponyme, il est célèbre pour la population de flamants roses qui vient s’y nourrir. Chaque jour, des milliers de flamants roses se rassemblent sur les rives du lac, colorant de leurs plumes chatoyantes tout le paysage. Mais ce ne sont pas les seuls oiseaux vivants aux abords du lac ! Ce dernier abrite une grande variété de volatiles, dont des pélicans et des aigles pêcheurs. Avec un peu de chance, vous pourrez également apercevoir des rhinocéros noirs ou blancs et des girafes qui se promènent librement dans le parc.

Le parc national d’Amboseli

Le parc national d’Amboseli constitue l’un des lieux les plus emblématiques pour observer les majestueux éléphants d’Afrique. On peut y observer des troupeaux entiers, défilant paisiblement, dominés par l’imposante silhouette du Kilimandjaro se dressant en arrière-plan. Un véritable paysage de carte postale ! Les vastes plaines herbeuses du parc offrent une vue imprenable sur la faune sauvage : outre les éléphants, vous pourrez également y voir d’autres animaux emblématiques comme des lions, des girafes ou des zèbres.

Le musée Karen Blixen

Situé à Nairobi, ce musée est dédié à la célèbre autrice danoise Karen Blixen, connue pour son livre La Ferme africaine, adapté en film sous le titre Out of Africa. Le musée est en réalité la maison où Karen Blixen a vécu pendant près de 20 ans, d’abord avec son mari, puis seule une fois leur divorce prononcé. En déambulant à travers les différentes pièces, vous pourrez découvrir son histoire fascinante et plonger dans son univers littéraire. De plus, les jardins qui entourent le musée sont magnifiques, avec de beaux arbres et une dense végétation. C’est un endroit idéal pour en apprendre davantage sur la vie de cette auteure talentueuse et pour profiter de la beauté naturelle qui l’entoure.

Les villages masaï

Les Masaï sont un groupe ethnique établi principalement au Kenya et en Tanzanie. Leur mode de vie, profondément ancré dans la tradition, révèle une riche culture et des pratiques ancestrales vivaces. Les villages sont constitués de bomas, des maisons construites en argile et en bois, souvent entourées d’enclos pour le bétail. L’école masaï, rassemblant les enfants de 12 villages, leur permet d’acquérir un enseignement indispensable tout en préservant leur héritage culturel. Les salles de classe sont souvent simples, équipées de bancs en bois et de tableaux noirs. Les enseignants masaï jouent ainsi un rôle essentiel dans la société en transmettant à la fois les connaissances académiques et les traditions culturelles aux enfants de ces villages reculés.

À découvrir lors du circuit Arts et Vie : Safari kenyan

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Namibie
L’ascension de « Big Daddy », la grande dune de Namibie

L’ascension de « Big Daddy », la grande dune

Par J.-M. Laurent

La Namibie offre décidément un périple d’exception, déployant des paysages à couper le souffle et d’une étonnante diversité. Du spectaculaire parc national d’Etosha, superbe savane peuplée de zèbres, de girafes, d’éléphants et d’une myriade d’oiseaux exotiques, jusqu’au célèbre désert du Namib, où se dressent d’immenses formations de dunes rouges bordées par l’océan Atlantique, l’émerveillement est absolument partout. La rencontre avec les communautés locales, comme les Himbas et les Héréros, dévoile de plus des traditions séculaires et encore vivaces malgré une histoire tourmentée. Pour Jean-Marie Laurent, accompagnateur Arts et Vie qui a eu plus d’une fois la chance de se rendre dans ce beau pays, l’apogée du circuit « Sables du Namib » consiste sans doute en l’ascension de la dune « Big Daddy », la plus haute de Sossusvlei, et l’une des plus hautes au monde. Il nous raconte.

À l’assaut de la grande dune

Le départ se fait bien sûr avant l’aube, afin d’arriver au Namib-Naukluft National Park dès l’ouverture, à 6 h lors de l’été austral. Nous laissons alors notre car, inutilisable dans les dunes, pour prendre les 4×4 du parc. Le temps d’arriver au pied de la dune « Big Daddy », impressionnante du haut de ses 350 m, il est déjà 7 h 45 et le soleil s’est levé.

Ce jour-là, en novembre 2016, j’accompagne 14 adhérents dans cette ascension. C’est une marche difficile, et seuls ceux qui s’en sentent le courage iront jusqu’au sommet. Il faut d’abord gravir les premiers mètres, puis cheminer sur la crète de la grande dune jusqu’à son faîte. En fonction des aptitudes de chacun, la montée prend entre 1 h 15 et 2 h, pour un dénivelé d’environ 300 m. L’effort est régulier, l’air est encore frais.

Au sommet, la vue est fabuleuse. Les dunes s’étirent à perte de vue, dominant le Dead Vlei, le « marais mort », cette étonnante étendue blanche au milieu d’une mer de sable rouge. Éblouis par cet incroyable panorama, nous restons là un moment, reprenant notre souffle.

Une descente insolite

Après s’être imprégné de cette vue exceptionnelle, nous entamons la descente. De préférence déchaussés, pour glisser en douceur sur le sable, nous nous avançons en courant face à la pente et en levant haut les jambes. En dix minutes seulement, nous voilà redescendus. Les sensations sont extraordinaires, et ce sont dix minutes de pur bonheur.

Au pied de la dune, le Dead Vlei, aveuglant de lumière, nous attend. Les acacias ponctuant le salar, morts depuis plusieurs centaines d’années, carbonisés par le soleil, offrent un spectacle surréaliste. Nous y marcherons une heure durant, avant de retrouver nos 4×4. Une excursion unique, dont je garderai longtemps le souvenir.

À découvrir lors du circuit Arts et Vie en Namibie : Les sables du Namib

Crédits photos : © J.-M. Laurent

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Sénégal
Les mots du Sénégal : trois conseils de lecture

Les mots du Sénégal : trois conseils de lecture

Par Flavie Thouvenin

Flamands roses dans le parc national de la Langue de Barbarie, au nord du Sénégal
Flamands roses dans le parc national de la Langue de Barbarie, au nord du Sénégal © Origin’Africa

Héritière d’une longue tradition populaire de transmission orale, la littérature sénégalaise est aujourd’hui l’une des plus vivaces sur la scène littéraire africaine et francophone, peinant toutefois à se faire connaître au sein de ses propres terres. Au confluent de plusieurs influences africaines, arabes et européennes, reflets de l’histoire du pays, elle bénéficie d’une production riche, en diverses langues locales – wolof, peul, diola, sérène… entre autres – ainsi qu’en arabe et, surtout, en français, qui y demeure la langue de l’écrit par excellence. Au panthéon des auteurs sénégalais, Léopold Sédar Senghor, bien sûr, qui lui donna ses lettres de noblesse et continue encore, plus de vingt ans après sa mort, de faire rayonner le Sénégal à travers le monde. Dans l’ombre du maître, Cheick Hamidou Kane, Birago Diop, Lamine Diakhate, Aminata Sow Fall, Ken Bugul, Boubacar Boris Diop, tous récompensés du prestigieux Grand prix littéraire d’Afrique noire, ainsi qu’une nouvelle génération prometteuse, à l’image de Mohamed Mbougar Sarr, prix Goncourt 2021 (dont il est par ailleurs l’un des plus jeunes lauréats, à tout juste 31 ans !).

En prévision d’un prochain voyage, pour les amoureux de littérature ou tout simplement pour les curieux, nous vous proposons trois conseils de lecture au pays de la Téranga.

À lire également : Qu’est-ce qu’on mange au Sénégal ?

Œuvre poétique, Léopold Sédar Senghor, Points, 2020

Difficile de ne pas citer en tout premier lieu les œuvres complètes de Sédar Senghor ! Car on ne saurait choisir… poète, écrivain, intellectuel et homme d’État, premier président de la République du Sénégal, fervent défenseur de la francophonie et de la négritude chère à Césaire, il laisse derrière lui une œuvre monumentale qui continue d’inspirer des générations d’écrivains. Des incontournables recueils Hosties noires et Éthiopiques, en passant par ses Élégies, la poésie de Senghor, d’inspiration symboliste, se lit et s’écoute comme autant de chants incantatoires où le rythme et les mots rappellent la musique. Faisant la belle part à l’universel, au-delà des différences, tout en valorisant et unissant les traditions, elle est un hymne à l’Afrique et à l’Humain, prônant le métissage culturel. Une œuvre que l’on prend le temps de savourer et à laquelle on revient, encore et encore, comme pour mieux mesurer le génie de ce monument de la littérature sénégalaise, mais aussi francophone.

Léopold Sédar Senghor Oeuvre poétique couverture littérature sénégalaise

Le Ventre de l’Atlantique, Fatou Diome, éditions Anne Carrère, 2003

Sur les rives de l’île de Niodor, dans la région du Siné-Saloum, Madické, jeune sénégalais, a des rêves d’ailleurs. Amateur de football, il admire ses compatriotes exilés, évoluant dans les plus grands clubs d’Europe. Et si c’était lui ? Quand pourra-t-il partir, lui aussi ? De l’autre côté de l’Atlantique, sa demi-sœur, Salie, installée à Strasbourg, a le mal du pays, qu’elle a pourtant choisi de fuir. Dans un récit oscillant entre la France et le Sénégal, Le Ventre de l’Atlantique, d’inspiration autobiographique, raconte les espoirs d’immigration d’une jeunesse africaine qui étouffe sous le poids du quotidien et des traditions, dans un pays qui n’a que peu d’avenir à lui offrir. Des rêves de vie meilleure, où l’on imagine l’Europe en Eldorado : un ailleurs mirifique qui se révèle bien souvent une chimère… Fatou Diome ne cache rien de l’espérance qui vient s’écraser sur les durs rochers de la réalité pour ces jeunes immigrés qui imaginaient l’Hexagone autrement.

Fatou Diome Le Ventre de l'Atlantique couverture littérature sénégalaise

Entre la clandestinité, les menaces d’expulsion, le racisme, la solitude, c’est la face cachée du rêve qui se révèle peu à peu… mais aussi cette difficile position, pour ceux qui sont partis, quand ils reviennent au pays : entre attentes démesurées de la famille et pression de la réussite. Faut-il maintenir le mythe de ce paradis rêvé ? Tranches de vie dans un récit sans concessions mais raconté sans pathos, dans un style élégant et poétique, ce premier roman de l’auteure franco-sénégalaise offre un voyage entre deux rives, regards croisés sur l’immigration africaine en Europe, aujourd’hui encore terriblement d’actualité.

Une si longue lettre, Mariama Bâ, Nouvelles éditions africaines, 1979

Mariama Bâ Une si longue lettre couverture livre sénégal

Roman épistolaire et premier ouvrage de Mariama Bâ, Une si longue lettre est souvent qualifié d’œuvre clé dans la littérature sénégalaise. Véritable coup de tonnerre lors de sa publication en 1979, il retrace le parcours de deux femmes dans une société qui ne leur fait pas de quartier. Le personnage principal, Ramatoulaye Fall, qui vient de perdre son mari et doit suivre quarante jours de réclusion imposés par la tradition musulmane, entreprend d’écrire à son amie d’enfance, Aïssatou, immigrée aux États-Unis. Si cette dernière a fui le pays pour échapper à la rudesse des coutumes locales, la première a choisi de rester et tenter de s’en accommoder : mère de famille nombreuse, mariée à un homme qui a pris une deuxième femme, Ramatoulaye raconte son quotidien et ses frustrations, entre la pression du clan familial, le mariage de raison et non de cœur, la réalité crue de la polygamie, l’analphabétisation des jeunes filles… Une plongée dans l’intimité de la narratrice, portrait méticuleux de la condition féminine dans un Sénégal alors encore en pleine transformation suite à l’indépendance, qui sonne comme un cri du cœur pour l’émancipation des femmes.

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Maroc
Portrait de Mahi Binebine, artiste marocain

Mahi Binebine, un artiste polyvalent

Par Emmanuelle Bons

Dans un Maroc résolument tourné vers la modernité, la création plastique vient témoigner de l’inventivité et de la diversité culturelle du pays. Au cours des dernières décennies, de nombreux artistes marocains ont émergé sur la scène artistique internationale et ont contribué à la reconnaissance de cet art d’aujourd’hui. À travers des formes d’expression très variées, qu’il s’agisse de peinture, de sculpture, de photographie, d’installation ou de vidéo, les artistes marocains explorent une large variété de thématiques, allant de la question de l’identité culturelle et de la mémoire collective à l’examen des enjeux sociopolitiques contemporains. Parmi eux, Mahi Binebine est devenu une figure incontournable, tant pour la qualité de son œuvre que par la diversité des supports qu’il explore.

Une enfance singulière

Portrait de Mahi Binebine
Portrait de Mahi Binebine © L. Moulager D. R.

Mahi Binebine, enfant de la casbah de Marrakech, est issu d’une famille très atypique. Son père, homme lettré et poète, fut durant plus de 30 ans ce que l’on pourrait appeler le “fou du roi” Hassan II. Il vivait en effet à la cour où il avait pour tâche de distraire le monarque en lui récitant des poèmes ou des contes. L’instruction fut donc un élément essentiel de la jeunesse de Mahi plongé dès son plus jeune âge dans cet environnement intellectuel. Élevé chez les sœurs, il partit ensuite pour étudier les mathématiques à Rabat puis à Paris. Il devint ainsi professeur de science à Casablanca durant 8 ans avant de se tourner vers ses passions profondes que sont la littérature et les arts plastiques.

Sa révélation en tant qu’artiste

Parallèlement à ses études scientifiques, Binebine a toujours continué à exercer ses talents artistiques. Dans les années 1990, alors qu’il a trentaine d’années, il commence à explorer le monde de l’art visuel et à se consacrer à la peinture. Il est rapidement exposé dans de nombreuses galeries et musées prestigieux à travers le monde. Il a également remporté plusieurs prix pour son travail, ce qui témoigne de son talent et de sa contribution à l’art contemporain.

Son style unique mélange des éléments de l’expressionnisme et de l’abstraction avec des influences de l’art africain et marocain. Ses œuvres captivent souvent par leur utilisation vibrante de la couleur, leurs formes organiques et leurs compositions expressives.

Un écrivain reconnu

Au-delà de sa pratique artistique, Mahi Binebine est également un écrivain accompli. Il a publié plusieurs romans et recueils de nouvelles, qui ont été traduits dans de nombreuses langues et acclamés par la critique. Son travail explore souvent des thèmes tels que l’identité, la mémoire, l’histoire et les injustices sociales. Citons Cannibales (1999), Les étoiles de Sidi Moumen (2010) et Le Seigneur vous le rendra (2013).

L’œuvre romanesque de Binebine a été saluée par de nombreux prix et distinctions, dont le prix de la Mamounia des arts plastiques et le prix du roman de l’Académie du Royaume du Maroc.

Il est aujourd’hui considéré comme l’un des auteurs marocains contemporains les plus importants, dont le travail artistique et littéraire reflète une sensibilité profonde envers la réalité sociale et politique, tout en exprimant une grande créativité artistique.

Un artiste à découvrir avec Arts et Vie et Télérama

Au cours de son voyage Événement “Maroc, terre d’artistes”, organisé en collaboration avec Télérama, Arts et Vie propose à ses adhérents une rencontre privilégiée avec cet artiste polymorphe au cœur de son atelier marrakchi. Ce rendez-vous exceptionnel s’inscrit dans un programme fascinant de visites et de rencontres à la découverte de la création marocaine contemporaine. Plus qu’un simple voyage, cet itinéraire de Tanger à Marrakech, en passant par Rabbat et Casablanca, invite à s’imprégner de l’âme de ces artistes qui font de la scène artistique marocaine l’une des plus dynamiques du monde arabe.

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Sénégal
Qu’est ce qu’on mange au Sénégal ?

par Emmanuelle Bons

Riche, colorée et savoureuse, la gastronomie sénégalaise mérite sa réputation de meilleure cuisine d’Afrique de l’Ouest. Peu connus en Europe et trop souvent victimes d’idées reçues négatives, ses plats typiques, extrêmement variés et nombreux, font la fierté de tous ses habitants et le régal de ses convives. Cette cuisine très traditionnelle, élément essentiel de la vie quotidienne des Sénégalais, fait partie intégrante de la culture du pays et permet de mieux en comprendre l’héritage.

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Une cuisine conviviale

La cuisine sénégalaise est une cuisine qui prend son temps. Les plats mijotent dans ce lieu accueillant où l’on discute, où l’on se retrouve… Les saveurs et les odeurs s’y mêlent et exhalent leurs arômes.

Le yassa par exemple, qui constitue l’un des plats les plus renommés du pays, suppose de laisser mariner le poisson ou le poulet toute une nuit avant de cuire doucement. Dans le mafé, originaire du Mali mais réadapté au Sénégal, les morceaux de poulet ou de mouton mijotent longuement avec de la pâte d’arachide et du riz wolof.

Ces grands plats uniques et familiaux, qui font la fierté des Sénégalais, reflètent bien l’esprit de convivialité qui entoure cette cuisine : on ne lésine jamais sur les quantités et on prévoit toujours l’arrivée impromptue d’un parent ou d’un ami à qui l’on servira les meilleurs morceaux. La convivialité est ici un maître-mot.

Une gastronomie variée

Les plats de viande sont très répandus (essentiellement le poulet ou le mouton car le bœuf est un produit très coûteux), mais le poisson l’est encore davantage dans ce pays tourné vers la mer. Le plat souvent considéré comme l’emblème national est le tié-boudienne : il s’agit du thiof (espèce de Mérou) accompagné de légumes, de sauce tomate et de riz. Le thon, la sole, l’espadon, le saint-pierre mais aussi les fruits de mer que l’on trouve dans les mangroves, sont également très présents sur les marchés.

Comme souvent en Afrique, le riz et le mil font partie du quotidien des Sénégalais, surtout durant les saisons sèches lorsque les légumes deviennent rares. Ils sont pourtant assez répandus surtout le long de la Grande-Côte (entre Dakar et Saint-Louis) où l’on cultive des choux, des carottes, des aubergines, des tomates mais aussi des gombos (légume vert qui ressemble un peu au piment même si son goût en est très éloigné), des niébés (petits haricots), des racines de manioc…

Les desserts quant à eux, sont souvent réalisés à base de produits laitiers ou de semoule aromatisés d’épices telles que la muscade, la vanille, ou encore de fruits secs. De quoi régaler les plus gourmands… !

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ÉgypteFrance
L’exposition « Pharaon des Deux Terres » au musée du Louvre – France

Article partenaire avec les Dossiers d’Archéologie
Par Constance Arhanchiague

exposition « Pharaon des Deux Terres » au musée du Louvre Paris
Taharqa offrant les vases à vin au dieu faucon Hémen
Taharqa offrant les vases à vin au dieu faucon Hémen © Musée du Louvre, dist. RMN-GP/Ch. Décamps

Vers 720 av. J.-C., Piânkhy, roi de Kouch en Nubie, part à la conquête de l’Égypte. Il fonde la XXVdynastie, dite kouchite, et crée le royaume des Deux Terres en unifiant l’Égypte et la Nubie. L’exposition événement « Pharaon des Deux Terres. L’épopée africaine des rois de Napata » raconte l’épopée de ces nouveaux rois venus du sud et révèle au grand public des objets spectaculaires, typiques du style artistique très original de cette période. Elle est le fruit de recherches historiques du côté égyptien et de résultats de fouilles récentes au Soudan qui ont permis de rendre accessible cette période à un large public. Au VIIe siècle av. J.-C., une invasion assyrienne met fin à la domination des rois kouchites en Égypte, qui se replient alors au Soudan.

L’épopée des rois de Napata

carte Égypte et Nubie : les "Deux Terres"

L’histoire de la XXVe dynastie est avant tout celle de la renaissance d’un royaume, celui de Kouch, apparu au Soudan vers la fin du IIIe millénaire av. J.-C. Cet État qui a longtemps constitué une menace pour l’État pharaonique, a pris fin au moment de la colonisation égyptienne (vers 1500 av. J.-C.). La culture nubienne ne disparaît pas pour autant et on la distingue encore çà et là, dans les modes d’inhumation, la céramique ou les mentions d’enfants de chefs envoyés auprès du pharaon.

Lorsque l’État égyptien s’effondre à son tour au tournant du XIe siècle av. J.-C., la Nubie retrouve son indépendance. Au VIIIe siècle av. J.-C., Piânky, véritable fondateur de la puissance kouchite, lance une grande campagne militaire qui prend vite l’allure d’une marche victorieuse jusqu’à Memphis, les cités rencontrées se rendant au fur à mesure. Il laisse pourtant en place les roitelets locaux et s’en retourne à Napata.

La XXVe dynastie, qui désigne les rois kouchites reconnus durablement à Memphis, ne débute réellement qu’avec Chabataka en -713. Chabataka (713-705 av. J.-C.) conquiert l’Égypte, éliminant au passage un roi thébain, Iny, et surtout le roi de Saïs, Bocchoris, qui contrôlait tout le nord du pays. On a souvent cru pouvoir déceler une tendance impérialiste dans son règne, mais les rapports diplomatiques avec les Assyriens semblent avoir été plutôt bons.

Le règne de Chabaka (705-690 av. J.-C.), probablement un fils de Chabataka, est bien mieux documenté. Ce dernier lança un programme de constructions remarquables à Thèbes et Memphis, mais fut peu présent en Nubie.

Taharqa (690-664 av. J.-C.), le pharaon le plus emblématique de la dynastie, aurait semble-t-il usurpé le trône de Chabaka. Il mena une politique de travaux monumentale à Napata, Kawa, Thèbes et Memphis. Alors que son autorité est contestée dans le Delta par des dynasties rivales de Saïs et Tanis, il développe un intérêt pour le Levant et suscite des révoltes contre la domination assyrienne en Phénicie. Ceci explique que la fin de son règne soit marquée par plusieurs invasions des Assyriens.

C’est une nouvelle invasion, à Memphis et surtout Thèbes, qui mettra fin à la puissance kouchite en Égypte en -655, sous le règne de Tanouétamani (664-655 av. J.-C.). La XXVe dynastie perdure cependant en Nubie, autour de sa capitale Napata, et reste très influencée par la culture égyptienne.

généalogie Rois de Napata

La renaissance kouchite

Durant la XXVe dynastie, la région thébaine fut au cœur de l’attention des nouveaux pharaons originaires de Napata qui, pendant un demi-siècle, y rénovèrent et édifièrent de nombreux monuments.

Les temples de Karnak

Karnak, principal sanctuaire du dieu dynastique Amon-Rê, connut en particulier de nombreuses transformations sous le règne des rois kouchites.

Comme l’ont révélé les fouilles de Kerma, le dieu égyptien Amon était déjà révéré au Soudan à l’époque de la colonisation égyptienne, jouant possiblement le rôle de passerelle entre les deux cultures pour justifier la mainmise égyptienne sur le territoire nubien. Durant la période napatéenne, les rites qui étaient apparus autour de cette divinité à tête de bélier sont repris et développés, jusqu’à faire d’Amon une figure tutélaire au centre des cultes rendus dans Karnak et dans la capitale religieuse Thèbes.

À Karnak, Chabataka planifia l’agrandissement de la chapelle d’Osiris Heqa Djet, et son successeur Chabaka fit ajouter deux nouvelles portes à l’avant du temple de Ptah ainsi qu’un grand magasin de stockage à l’est de celui-ci.

Si Chabaka marqua durablement de son empreinte la région, le souvenir de son successeur, Taharqa, est aujourd’hui plus encore associé à cette renaissance. À son avènement, le pouvoir napatéen était à son apogée. Taharqa multiplia alors les projets monumentaux au cours de la première décennie de son règne, tout en achevant ceux de Chabaka, comme à Médinet Habou.

Sanctuaire dédié à l’aspect solaire d’Amon, Rê-Horakhty à Karnac Égypte
Sanctuaire dédié à l’aspect solaire d’Amon, Rê-Horakhty © CNRS-CFEETK n°191962/E. Saubestre

Sur la rive nord du lac sacré de Karnak, il fit notamment construire un sanctuaire original dédié à l’aspect solaire d’Amon, Rê-Horakhty, où était célébrée la renaissance quotidienne du soleil, en lien avec les mythes osiriens et ceux se déroulant à Médinet Habou. Ce monument, par l’originalité de son architecture et la richesse de sa décoration, témoigne de l’intense activité intellectuelle de l’époque.

Thèbes, nécropole de l’élite kouchite

Avec l’arrivée des Kouchites au pouvoir, la ville connut une nouvelle phase de splendeur, dont les premières manifestations remontent aux règnes de Chabataka et Chabaka pour connaître son apogée sous Taharqa. Elle fut enrichie de plusieurs monuments culturels et funéraires, sur les deux rives du Nil et occupa de nouveau la place de capitale religieuse qui était la sienne sous le Nouvel Empire.

Vue de l’Assassif avec les pylônes de Montouemhat, Pabasa et Padineith à Thèbes en Égypte
Vue de l’Assassif avec les pylônes de Montouemhat, Pabasa et Padineith © S. Einaudi

La nécropole de l’Assassif devint notamment un vaste chantier de construction à l’époque napatéenne pour accueillir les tombes de la nouvelle élite kouchite, véritables palais funéraires uniques dans l’architecture égyptienne.

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Le Djebel Barkal, la « montagne sacrée »

Vestige du grand temple d’Amon au pied du Djebel Barkal au Soudan
Vestige du grand temple d’Amon au pied du Djebel Barkal © Adobe Stock / evengh

Cette montagne sacrée, énorme massif de grès qui se détache du désert environnant, cristallisa pendant des siècles, et plus particulièrement sous la XXVe dynastie, l’attention des souverains qui y édifièrent à ses pieds temples et palais.

Ce sont les Égyptiens qui pendant la période de colonisation investirent cette masse rocheuse en y reconnaissant la demeure du dieu Amon. Pendant la période napatéenne, les rois kouchites, qui vouaient un véritable culte à cette divinité, multiplièrent le nombre de sanctuaires qui lui étaient consacrés. Certains rois choisirent d’élargir les temples de leurs prédécesseurs, d’autres d’en fonder de nouveaux.

Vue du grand temple d’Amon au Soudan
Vue du grand temple d’Amon © Adobe Stock/Robnaw

Au sein de cet ensemble architectural colossal se trouve le grand temple d’Amon, inauguré durant le règne de Thoutmosis III, puis agrandi jusqu’à l’époque napatéenne où il deviendra et demeurera le plus grand temple jamais construit au Soudan.

Les chefs-d’œuvre absolus de l’exposition « Pharaon des Deux Terres »

La XXVe dynastie a promu un courant antiquisant très original, qui avait commencé un peu auparavant à la période libyenne et qui va perdurer avec la XXVIe dynastie saïte. Cette mode, qui s’observe dans les thèmes choisis et les productions artistiques, marque la volonté des nouveaux représentants du pouvoir de s’inscrire dans une continuité historique.

Le sphinx de Chépénoupet II

Le sphinx de Chépénoupet II exposition « Pharaon des Deux Terres » au musée du Louvre
© BPK, Berlin, dist. RMN-GP / J. Liepe

Chépénoupet II, fille de Piânkhy et sœur de Taharqa, occupa la haute fonction de divine adoratrice d’Amon à Karnak pendant plusieurs décennies. De ce fait, elle reçut des prérogatives royales, comme celle d’être représentée en sphinx.

Les rois kouchites de la cachette de Doukki Gel

Les rois kouchites de la cachette de Doukki Gel exposition « Pharaon des Deux Terres » au musée du Louvre
© TrigonArt Ingenieurbüro

L’un des temps forts de l’exposition est la présentation de la reconstitution des sept statues monumentales de Doukki Gel, découvertes par l’équipe de Matthieu Honegger et Charles Bonnet en 2003. Ces statues qui représentaient les pharaons Taharqa, Tanouétamani et trois de leurs successeurs, avaient été brisées et remisées dans une fosse. C’est une découverte sensationnelle pour le grand public et plutôt récente à l’échelle des découvertes archéologiques.

Les versions originales sont aujourd’hui conservées au musée Kerma au Soudan. Les commissaires de l’exposition « Pharaon des Deux Terres » ont pris le parti de faire des reproductions sous forme de moulage de ces statues en granit avec des fils dorés.

La statue Horus Posno

La statue Horus Posno exposition « Pharaon des Deux Terres » au musée du Louvre
© Musée du Louvre, dist. RMN-GP/G. Poncet

Ce bronze de haute taille montre le très grand savoir-faire acquis par les artisans bronziers de cette période. Il appartenait à une composition plus vaste. Horus tend les bras pour verser de l’eau purificatrice d’un vase aujourd’hui disparu. Thot lui faisait face et accomplissait avec lui le rituel de purification pour le roi.

Pour aller plus loin :

hors-série Dossiers d’Archéologie sur l’exposition « Pharaon des Deux Terres. L’épopée africaine des rois de Napata » au musée du Louvre

Le hors-série Dossiers d’Archéologie sur l’exposition « Pharaon des Deux Terres. L’épopée africaine des rois de Napata » au musée du Louvre, conçu avec Vincent Rondot, directeur du département des Antiquités égyptiennes au musée du Louvre, et les contributions des meilleurs spécialistes de la XXVe dynastie et du royaume de Napata en Nubie.

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Considérée comme le berceau de l’humanité par la plupart des paléoanthropologistes, l’Afrique occupe un cinquième de l’espace terrestre émergé et abrite plus de 965 millions d’habitants avec autant d’histoires à raconter. Seul, entre amis, en famille ou en groupe, que vous soyez charmé par la douceur de vivre au fil des croisières sur Nil ou que vous vous sentiez aventuriers dans l’âme, voulant découvrir les extraordinaires chutes Victoria, Arts et Vie vous propose un large éventail de voyages culturels en Afrique. Ces itinéraires passionnants vous mèneront à la rencontre de villes emblématiques comme Le Cap, à la découverte d’animaux majestueux tel que les lions, les éléphants ou encore le rhinocéros qui évoluent dans un cadre naturel et préservé, qu’à la visite de lieux mythiques comme la pyramide de Khéops ou les églises rupestres de Lalibella en Ethiopie. Mais découvrir l’Afrique, ce n’est pas faire un voyage culturel comme les autres. L’art africain excelle dans de nombreux domaines comme la danse, la musique et les arts plastiques tout particulièrement, qui lui permettent de rayonner partout dans le monde. Les paysages rencontrés rivalisent de beauté tandis que la gentillesse et la simplicité de ses habitants vous en font tomber amoureux dès les premiers pas sur le sol africain. Alors n’attendez plus et envolez-vous pour des îles paradisiaques comme le Cap-Vert, Madagascar ou La Réunion, voguez sur le Nil entre le Caire et Gizeh ou vivez une expérience unique dans le désert au pied des contreforts de l’Atlas au Maroc. Laissez-vous envahir par cette sensation incroyable d’être au bout du monde alors que vous vous trouvez sur le cap de Bonne-Espérance face à l’immensité de l’océan.