La vieille Europe est toujours jeune et continue d’attirer des visiteurs venus du monde entier puiser aux sources d’une culture universelle. L’Europe est riche et diverse : redécouvrez-la avec Arts et Vie !
Europe
Par Marie Lagrave
Mâtinée de multiples influences, à la fois slaves et méditerranéennes, la cuisine croate surprend par sa richesse et sa variété. La proximité de la Hongrie s’y ressent au travers de la présence de paprika dans de nombreux plats, comme le goulash, préparé ici plutôt avec de l’agneau. La viande y est à l’honneur, souvent grillée ou en ragout, qu’elle soit de porc, de bœuf ou de mouton. Comme sur tout le pourtour méditerranéen, on produit aussi charcuteries, huiles d’olive, fromages et vins. L’Italie, toute proche, y a apporté pâtes, pizzas, gnocchis et risottos, parfois revisités aux saveurs locales. Enfin, avec sa superbe côte et ses multiples îles, la Croatie séduira tout particulièrement les amateurs de poissons et de fruits de mer, préparés de mille et une façons. Les portions sont souvent généreuses, surtout dans les konoba (auberges traditionnelles), qui restent le meilleur moyen de découvrir la gastronomie croate.

Viandes
Très représentées dans la cuisine croate, les viandes se dégustent le plus souvent grillées. On goutera notamment les cevapi ou cevapcici, de petits rouleaux de viande (généralement un mélange de bœuf et d’agneau) hachée et grillée. Subtilement épicés, ils sont souvent consommés sur le pouce, dans du pain, avec des oignons frais ou de l’ajvar (une purée de poivrons). Cependant, plats en sauce et ragouts sont aussi très fréquents. Dans le nord du pays, on vous conseille la kotlovina, qui combine différents morceaux de viande (côtes de porc, saucisses, blanc de poulet…) longuement mijotés, souvent servis avec des pommes de terre. Une des spécialités de la Dalmatie est la pasticada, du bœuf braisé au vin rouge.

Poissons et fruits de mer
Avec près de 2 000 kilomètres de côtes et plus de 600 îles, la Croatie se devait forcément d’inviter poissons et fruits de mer dans nos assiettes. Poisson blanc, grillé, salade de poulpe, ragoût de fruits de mer, soupe de poisson, calamars frits… C’est un véritable festival de saveurs maritimes auquel vous convie la gastronomie croate. Parmi les plats les plus typiques et les plus étonnants, ne manquez pas le fameux risotto noir, un risotto à l’encre de seiche (qui lui donne sa couleur) agrémenté de fruits de mer variés.

Vins croates
Bien que peu connus en dehors des frontières du pays, les vins croates sont de belle qualité. On y produit majoritairement du vin blanc, mais le rouge n’est pas en reste. Parmi les cépages les plus réputés, nous pouvons citer le Dingac, un vin rouge de la péninsule de Peljesac, le Babic, un vin rouge de Dalmatie, le Malvoisie, un vin blanc sec d’Istrie ou le Posip, un vin blanc typique de l’île de Korcula. Enfin, le Grasevina est sans doute le vin blanc le plus répandu, surtout en Slavonie. Les puristes s’en indigneront sans doute, mais il n’est pas rare ici de couper son vin avec de l’eau.

Saveurs méditerranéennes
Si les plaines de Slavonie possèdent un climat continental et que le centre du pays, marqué par les Alpes dinariques, a un climat montagnard, toute la côte, de l’Istrie à la Dalmatie, jouit d’un climat méditerranéen qui se ressent fortement dans la cuisine croate. L’huile d’olive en est un des composant indispensable. Fabriquée ici depuis l’Antiquité, elle est considérée comme l’une des meilleures au monde. L’Istrie est particulièrement réputée pour sa production savoureuse. Charcuteries et fromages comptent également parmi les saveurs méditerranéennes de la Croatie. On y mange du jambon cru ou fumé, du salami… Le kulen est un saucisson de porc, rehaussé de paprika et d’ail. Produit principalement en Slavonie, c’est un mets très apprécié. Quant au fromage, le plus connu est celui de l’île de Pag, au lait de brebis.
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Les mezze : la cuisine grecque régale votre été !
par Emmanuelle Bons
Simplicité des ingrédients, simplicité des recettes, la cuisine grecque ne cherche pas à en mettre plein la vue. Et pourtant, quel délice ! Mondialement connue, elle est l’un des symboles dominants du pays. Toute l’authenticité de la Grèce y est condensée. Avec l’arrivée de l’été, sa gastronomie est une source intarissable d’idées pour tous vos repas conviviaux en famille ou entre amis. Nous vous proposons cette semaine plusieurs recettes de mezze qui, servis avec une simple salade, constitueront des repas rafraîchissants, sains et équilibrés !

Ktipiti
2 poivrons rouges (environ 200 g)
100 g de feta
2 yaourts à la grecque
huile d’olive
1 petite gousse d’ail
1 c. à soupe de paprika
Faites cuire les poivrons au grill puis retirez la peau, les graines et les parties blanches, et coupez-les en petits dés d’environ 5 mm.
Écrasez la feta, mélangez-la avec les yaourts à la grecque, les poivrons, l’ail préalablement haché, le paprika et un filet d’huile d’olive. Assaisonnez à votre convenance.
On peut éventuellement parsemer le mélange avec des pignons de pin grillés.
Servez avec du pain pita.

Tzatziki
- 1 concombre
- 2 yaourts à la grecque
- 1 gousse d’ail
- 1 demi botte de menthe
- 1 demi citron
- 2 c. à soupe d’huile d’olive
- sel, poivre
Lavez le concombre, coupez les extrémités puis coupez-le en petits dés ou en fines lamelles selon votre choix. Parsemez-le de sel et laissez-le dégorger 15 à 30 min puis épongez soigneusement.
Hachez la gousse d’ail.
Hachez les feuilles de menthe et gardez une branche pour la décoration.
Mélangez le yaourt avec l’huile d’olive, le jus de citron, la menthe hachée, l’ail haché, et le concombre. Salez, poivrez et mélangez bien.
Servez très frais.
Caviar d’aubergine
- 2 grosses aubergines
- 10 cl d’huile d’olive
- 6 gousses d’ail
- sel, poivre
Lavez les aubergines et coupez les extrémités.
Fendez-les en deux, incisez-les à l’intérieur afin d’introduire les gousses d’ail coupées en quatre et arrosez-les d’huile d’olive.
Enveloppez-les de papier aluminium et mettez-les dans un four chaud à 170°C pendant 60 min.
Une fois les aubergines cuites, extrayez la pulpe cuite et malaxez-la grossièrement jusqu’à obtenir une pâte légèrement grumeleuse.
Salez et poivrez.
Laissez refroidir et dégustez accompagné de pain pita.
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À Vienne, ça sent le cheval à deux pas du Palais de Sissi
Par Patrick Schouller
Vienne est une destination de choix pour les adhérents Arts et Vie, qui découvrent avec intérêt une architecture urbaine emblématique de l’Empire austro-hongrois, principalement à l’intérieur du Ring. Ils savourent aussi la visite de musées célèbres, dont le Belvédère et ses Klimt, ou le Kunsthistorisches Museum, ses Brueghel et sa Kunstkammer, 2 200 objets précieux collectionnés par les Habsbourg (quelle merveille que cette salière de Cellini en or repoussé sur socle d’ébène, réalisée en 1543 pour François 1er !).
À Vienne, où la circulation en centre-ville est quasi impossible, on marche beaucoup pour passer d’un site à l’autre. Enfin, on marche si l’on veut, car il existe bien sûr un réseau de transport urbain efficace alliant métro ultra-moderne, tramway d’un autre âge et même calèches pour nostalgiques. Mais il est amusant de voir, dans le petit passage couvert longeant le palais de la Hofburg, certains de nos adhérents se mettre à humer quelque chose, le regard inquisiteur. Mon Dieu, mais pourquoi cela sent-il autant le cheval à deux pas des appartements de Sissi ? Étrange, non ? Alors, l’accompagnateur arrête le groupe et dirige les regards vers les grandes baies vitrées latérales, qui ouvrent sur une vaste cour intérieure bordée de stalles. Avec parfois la vision de l’encolure d’un magnifique cheval gris qui les fixe lui aussi.
Les lipizzans de l’École d’Équitation espagnole de Vienne

Oui, nous sommes juste à côté de la célèbre École d’Équitation espagnole de Vienne (la Spanische Hofreitschule). Cette École est l’une des quatre en Europe à perpétuer l’art équestre classique de la Renaissance. Les trois autres sont le Cadre Noir de Saumur, l’École Royale andalouse d’art équestre de Jerez et son homologue portugaise de Queluz. L’École de Vienne ne cherche pas à innover, seule la tradition compte. C’est une démonstration d’équitation dans laquelle le cheval apparait plus sublimé que contraint par l’homme, et semble alors se déplacer dans la beauté de ses mouvements naturels.
Dès le début, cette École a été utilisée pour des cérémonies royales avant de s’ouvrir au public pour des représentations équestres musicales très prisées qui se déroulent juste à côté. Il suffit en effet de traverser le passage couvert pour atteindre un Manège magnifique, conçu entre 1729 et 1735 par l’architecte du baroque Joseph Emanuel Fischer von Erlach. Pendant plus de 450 ans les jeunes nobles de la monarchie autrichienne y ont appris à monter à cheval.
Mais revenons à notre nez inquisiteur : malgré toutes les précautions, ces 72 étalons à la robe d’un gris foncé ou presque blanc (selon l’âge !) sont obligés de traverser cette ruelle couverte pour passer des écuries au Manège, laissant parfois des traces malodorantes ! Mais même si ça sent le cheval, le spectacle est impressionnant et les appareils photos crépitent.
Un spectacle équestre exceptionnel

Généralement les voyageurs des circuits n’assistent pas à la performance des reprises équestres car il n’est pas simple d’obtenir des places. Mais certains groupes Arts et Vie, dans le cadre des voyages-événements par exemple, peuvent profiter de ce spectacle. J’ai eu cette chance et c’est assez impressionnant, même lorsque, comme moi, on n’y connait rien. Si certaines figures peuvent sembler anodines, les spécialistes apprécient le dressage et surtout la complicité homme/cheval nécessaire pour en arriver là. Enfin, je dis “homme”, mais il y a aussi des cavalières. Les uniformes, dans le style de ceux de nos Polytechniciens avec sabre et bicorne, donnent aussi une évidente majesté aux différentes reprises dans le cadre de ce manège grandiose.
Une anecdote sur cette École : c’est ici qu’est née l’expression « chapeau bas, Messieurs » en français, langue des Cours européennes. La tradition voulait que l’impératrice Marie-Thérèse ne se découvre jamais, la noblesse rarement, devant un subalterne. Pourtant, à l’issue d’une reprise particulièrement remarquée par l’Impératrice, celle-ci s’est levée, a soulevé son chapeau, ordonnant ainsi implicitement à toute la noblesse de saluer le cavalier méritant.
À découvrir lors du séjour : Vienne l’impériale
Pour aller plus loin :

Article en partenariat avec l’Office national du tourisme autrichien.
Nous remercions également chaleureusement l’Office du tourisme de Vienne pour les photos.

L’Italie, entre culture et dolce vita !
Par Emmanuelle Bons
Classée parmi les plus importantes destinations touristiques au monde, l’Italie regorge de trésors ! Depuis ses vestiges antiques qui apportent un éclairage passionnant sur l’Empire romain, jusqu’à ses splendides églises baroques, en passant par ses chef-d’œuvres de la Renaissance, ce pays séduit tous les passionnés d’art et les amoureux d’architecture. Mais plus qu’un lieu de pèlerinage culturel, ce pays baigné de soleil est aussi celui de la dolce vita, cette douceur de vivre qui commence dans les assiettes toujours savoureuses ! Partir en voyage en Italie est toujours la promesse d’étonnements, d’enrichissements et de rencontres conviviales qui donnent irrépressiblement envie d’y revenir !
CARTE D’IDENTITÉ
Capitale : Rome
Superficie : 302 073 km²
Nombre d’habitants : 59 257 566 habitants (en 2021)
Fuseau horaire : UTC+1 (pas de décalage horaire avec la France)
Monnaie : l’euro
Langues : La langue officielle du pays est l’italien même si les dialectes et les langues régionales subsistent.
Météo : En Italie, le soleil fait partie intégrante de la culture ! Le pays bénéficie en effet dans sa majeure partie d’un climat méditerranéen qui lui offre des températures douces en hiver et chaudes en été. Seule la région de la plaine du Pô est qualifiée de subtropicale humide avec davantage de précipitations en été et des hivers très doux. Quant à l’extrême nord, les Alpes lui apportent un climat montagnard avec une importante variation de températures entre l’hiver rude et l’été relativement doux.
LES INCONTOURNABLES DE L’ITALIE
L’Italie, un pays record à l’Unesco
Avec ses 55 sites honorés par la vénérable institution, l’Italie détient avec la Chine le record du monde de sites classés à l’Unesco ! On retrouve dans cette liste prestigieuse, des centres-villes aussi éblouissants que ceux de Rome, Sienne, Florence ou San Gimignano, des vestiges archéologiques majeurs comme Pompéi, Herculanum, Torre Annunziata, la vallée des Temples à Agrigente, mais aussi des sites naturels majeurs comme l’Etna, le mont San Giorgio, les forêts des Carpates… Impossible de citer tous les trésors dont regorge l’Italie ! La liste exhaustive est à retrouver ici !
Le Colisée de Rome

Véritable emblème de Rome, le Colisée constitue sans doute le plus impressionnant monument de la capitale italienne ! Avec ses 188 m de longueur sur 155 de largeur et 50 m de haut, ces arènes trônent en plein cœur de la cité depuis presque 2 000 ans ! Achevé en 80 ap. J.-C., après seulement 8 ans de travaux, il donne un aperçu de la puissance et de la magnificence de l’Empire romain mais aussi de la cruauté qui sévissait à cette époque. Il fut le théâtre des sanglants combats de gladiateurs mais aussi de l’exécution de nombreux chrétiens et de prisonniers dont le souvenir plane toujours sur les lieux. L’édifice fut fragilisé et partiellement détruit par de nombreux tremblements de terre et ses matériaux utilisés pour construire d’autres bâtiments de la ville, le laissant dans un état déplorable durant plusieurs centaines d’années. Ce n’est qu’au début du XIXe siècle, durant l’occupation française, que les premiers travaux de restauration furent entrepris – chantier qui se poursuit encore de nos jours ! – afin de rendre à ce géant sa gloire et la majesté passée.
La basilique Saint-Marc à Venise

Des gondoliers à canotier, des masques exubérants, des pigeons par milliers… voilà sans doute les plus fréquents clichés attachés à la ville de Venise ! Oui mais voilà, la Sérénissime ne pourrait se résumer à ces charmants stéréotypes ! Son plus célèbre monument, la basilique Saint-Marc, offre notamment une belle entrée en matière pour en comprendre les fondements. On apprend ainsi qu’au IXe siècle, peu de temps après sa création, la très jeune cité avait besoin de gagner en prestige afin de se mesurer à ses rivales millénaires. Un doge chargea donc deux marins d’aller dérober les reliques de saint Marc en Égypte où il reposait, car cette très sainte dépouille assurerait le renom de Venise. Une basilique fut ensuite édifiée pour accueillir la dépouille qui conféra à la ville une renommée qui ne s’est jamais démentie. Le bâtiment que nous admirons aujourd’hui fut construit sur un modèle byzantin au Xe siècle avec ses quatre bras de taille identique et ses mosaïques dorées réalisées au fil du temps, entre les XIIIe et XVIe siècle. Nombre de ses ornementations proviennent de pillages opérés lors des conquêtes vénitiennes, comme par exemple les chevaux de bronze, visibles sur sa façade, dérobés à Constantinople. Modifiée et agrémentée au cours des siècles, la basilique demeure le cœur de la cité et en rappelle le passé tourmenté.
À lire également : Il faut sauver Venise
Les trullis d’Alberobello

Avec leurs petits pompons de pierre dressés vers le ciel bleu des Pouilles, les trullis d’Alberobello constituent l’une des plus grandes curiosités architecturales du sud de l’Italie ! Hérité de la Préhistoire, cette technique de construction en pierre sèche en encorbellement se retrouve dans toute la région mais la ville d’Alberobello constitue le plus important regroupement de ces étonnantes petites maisons. Outre leur valeur testimoniale, ces constructions forment de charmants quartiers dans lesquels il fait bon flâner…
La galeries des Offices à Florence

Grâce à sa place majeure dans l’histoire de l’art européenne, l’Italie possède quelques-unes des plus riches collections de tableaux et de sculptures au monde ! Le musée des Offices notamment fait partie de ces lieux incontournables qu’il faut avoir vu une fois dans sa vie ! Si le palais qui l’abrite fut édifié dès le XVIe siècle par Cosimo Ier de Médicis, son usage en tant que musée date de 1769 et les Médicis ont conclu en 1738 un Pacte de famille qui garantit qu’aucune œuvre d’art ne quittera Florence. On y découvre donc aujourd’hui des trésors inestimables du XIIe au XVIIIe siècle, pour l’essentiel issus des collections de la prestigieuse famille florentine parmi lesquelles on retrouve des noms aussi célèbres que Botticelli, Giotto, Piero della Francesca, Vinci… Un incontournable en particulier pour tous les amoureux de la Renaissance !
La pizza napolitaine

Imitée mais jamais égalée, la pizza napolitaine, inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco depuis 2017, serait née 1889 grâce à un cuisinier local pour la reine Marguerite de Savoie en voyage à Naples. Avec ses ingrédients simples – tomates, mozzarella et basilic –, issus du terroir de la région et symbolisant les couleurs de l’Italie, la recette a fait le tour du monde au fil des vagues d’émigration et ainsi participé à la diffusion de la culture italienne.
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LES COUPS DE CŒUR DE NOS SPÉCIALISTES
Valérie Dabe, adjointe production pour Escapades et actions culturelles
« J’étais tout d’abord réticente à l’idée de me rendre sur l’île de Capri et préférais rester à Naples, cette ville si vivante que j’aime tant. J’avais des a priori et un peu peur du ”cliché jet set” et du tourisme de masse. Mais comme je suis de nature curieuse, que j’aime Oscar Wilde, le cinéma et l’architecture, impossible de ne pas se rendre sur le lieu des amours de l’écrivain avec Lord Alfred Douglas, ou ne pas avoir en tête les images de la villa Malaparte dans Le Mépris de Godard ou de la villa Vismara conçue par Le Corbusier. Une vraie révélation ! Sitôt passées les quelques rues animées aux boutiques luxueuses du centre de Capri où effectivement se massent en nombre les touristes, on découvre une autre facette de l’île bien plus authentique et calme, aux petites ruelles et aux maisons blanches. Il faut emprunter les sentiers côtiers ou se rendre à Anacapri, et se laisser séduire par les points de vue fabuleux depuis la villa San Michele et les parfums qu’exhalent les jardins. La montée au mont Solaro nous offre d’autres panoramas sur l’île mais aussi sur la baie de Naples. Depuis la mer et ses eaux cristallines, on redécouvre la beauté sauvage et abrupte de l’île. Je confirme, Capri est mythique ! »
Emmanuelle Bons, coordinatrice éditoriale
« Depuis ma plus tendre enfance, l’Italie a toujours fait partie de mes étés. J’ai appris à nager dans la mer Adriatique ; j’ai soupiré, adolescente, devant le balcon de Juliette à Vérone ; je suis tombée amoureuse de la Renaissance à Florence, j’ai savouré mon voyage de noces à Venise… et pourtant mon meilleur souvenir est tout simple. Nous visitions la Toscane par les « petites routes » et nous nous étions arrêtés pour déjeuner dans un petit restaurant perdu au milieu de la campagne. Et là, alors que vous étions attablés sur une petite terrasse ombragée, avec pour décor de douces collines ponctuées de cyprès, un air de violon s’est élevé dans l’air chaud de midi. C’était le fils du patron, très doué pour son âge, qui répétait sa Méditation de Thaïs. Tout semblait parfait ! Le paysage, cette musique, la douceur de l’air, mes tomates mozzarella ! Ce fut un de ces petits instants de grâce qu’offre le hasard des voyages et des rencontres. »
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La Casa Batlló de Antoni Gaudí
Article partenaire avec les Dossiers de l’Art
Par Jeanne Faton
Le musée d’Orsay célèbre un des architectes les plus étonnants de la fin du XIXe siècle, idole du modernisme catalan, Antoni Gaudí. Il a marqué la ville de Barcelone par ses édifices uniques : le Parc Güell, la basilique de la Sagrada Familia – dont la construction est toujours en cours – et de luxueuses demeures pour de riches particuliers. Bienvenue dans l’une de ces plus célèbres casas : la Casa Batlló.
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Lorsque José Batlló i Casanovas, riche industriel du textile, s’adresse à Gaudí, ce n’est pas pour construire un immeuble neuf mais pour transformer une maison élevée dans les années 1870 au 43 Passeig de Gràcia, qu’il vient d’acheter. Il veut y aménager, d’un côté, des appartements privés, et de l’autre, sa propre habitation. Le tour de force de l’architecte sera de ne faire apparaître aucune trace de l’ancienne maison sans pour autant la démolir. En laissant libre cours à son imagination, Gaudí réalise l’une des façades les plus spectaculaires de Barcelone, avec un intérieur fantaisiste inspiré par l’univers de la mer…
Une façade aux mille visages

La maison s’érige sur des colonnettes en pierre, qui évoquent, aux yeux de certains, les tibias du squelette humain. C’est l’origine d’un sobriquet donné à la maison au moment de sa construction : « la maison des os ». La pierre réapparaît aux soubassements des balcons, dont la découpe a pu aussi faire songer à un masque de carnaval vénitien. Cette image, associée au revêtement coloré et pointilliste de la façade, évoque également un lancer de confettis, tandis que les couleurs de la façade rappellent celles, changeantes, de la mer traversée par les rayons du soleil.
Terrain d’expérimentation du trencadís
Si subjectives soient-elles, de telles impressions sont dues à l’usage particulièrement savant du trencadís. Typique de l’architecture moderne catalane, ce type de mosaïque composé d’éclats de céramique a été enrichi dans sa technique d’assemblage sur le chantier de la Casa Batlló. Gaudí adopte une autre technique consistant à placer un morceau d’une certaine dimension à la surface du ciment encore frais et de le casser sur place au marteau. Les morceaux ainsi obtenus s’adaptent parfaitement à la surface murale. L’introduction du trencadís dans les créations de Gaudí répondait à une réflexion de l’architecte : « La couleur est vie. C’est un élément que nous ne devons pas mépriser mais infuser à nos œuvres ».

Dragon ou montagne ?
La couverture du bâtiment est constituée par une tourelle surmontée d’une croix à quatre barres et d’un toit ondulant en tuiles faisant penser à des écailles. Face à ces formes inédites, les imaginations se sont enflammées. D’aucun ont voulu y voir l’échine du dragon terrassé par Saint Georges, dont la tour et la croix seraient les symboles ; d’autres ont suggéré un rapprochement avec le site montagneux de Montserrat et sa célèbre roche Foradada. L’ondulation de la façade et de la toiture n’est en réalité que l’écho des volumes intérieurs dépourvus de tout angle et de toute arête.

Un hommage à la mer
Reflet de la vision naturaliste de Gaudí, l’intérieur de la Casa Batlló s’inspire du milieu marin et fait appel à l’imaginaire. L’historien Juan José Lahuerta écrit ainsi : « l’intérieur du bâtiment devient un espace de tranquillité pour l’homme qui affronte les multitudes de la ville et lutte dans le monde, une sorte de grotte sous-marine où se recueillir, où trouver un espace intime, à la façon de Jules Vernes, où, héros, le conquérant, l’homme moderne, a deux réalités : l’une extérieure, cosmique, sans limite et une intime où il est blotti dans sa grotte, dans le ventre maternel de la terre ; la nature, la raison et l’histoire convergent dans cette œuvre ».
À l’entrée se trouve un vestibule communautaire. Sur la droite un escalier mène aux appartements locatifs, en serpentant dans un patio qui constitue l’axe central de l’édifice. Sur la gauche, une porte, fermée par une grille, donne accès aux appartements privés de la famille Batlló. Gaudí a ainsi totalement réorganisé les zones communes de l’ancien édifice. En agrandissant le patio, il prévoit des accès distincts pour les propriétaires et les locataires, et trouve une manière ingénieuse de faire parvenir la lumière naturelle dans toutes les pièces de la maison.

Chez les Batlló
Dans le hall d’entrée privé de la famille Batlló, les fenêtres en forme de hublots, les formes organiques qui rythment la pièce, ainsi que la rampe d’escalier qui épouse les contours sinueux de l’épine dorsale d’une créature monstrueuse, créent une atmosphère fantastique d’univers sous-marin.
Au premier étage se trouve l’étage noble, réparti en deux grands ensembles, l’un constitué par les pièces de réception qui donnent sur le Passeig de Gràcia, l’autre, sur l’arrière, par la salle à manger et les salons privés.

Dans le salon central, de grandes baies vitrées sont pourvues de châssis tout en ondulations et garnies dans leur partie supérieure de disques en verre dans des tonalités bleues qui rappellent celles de la cour intérieure. Boiseries, encadrements des portes et fenêtres refusent toute ligne droite pour vivre à l’unisson des murs extérieurs, ondulant à l’image du monde marin. Le décor dans son ensemble semble avoir été façonné dans une argile humide, si bien que les portes palières et les portes intérieures donnent davantage l’impression d’avoir été modelées dans une pâte que sculptées dans le bois.
Une icône de Barcelone
Après avoir beaucoup souffert de la guerre civile, durant laquelle elle accueillit une centaine de réfugiés, la Casa Batlló fut ensuite transformée en bureaux au début des années 1940. C’est alors que commencèrent la dispersion du mobilier et le démontage de certains chambranles de portes. Depuis les années 1990, le bâtiment appartient à la famille Bernart, qui l’a entièrement restauré, et ouvert au public en 1995. Ce joyau architectural, iconique de Barcelone et de son architecte phare, appartient au Patrimoine mondial de l’UNESCO.
À découvrir avec le séjour ville d’art et d’histoire : Barcelone l’artistique

Pour aller plus loin
Le Dossier de l’Art sur Gaudí. Intégralement rédigé par Philippe Thiébaut, conservateur honoraire du patrimoine
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L’Année de la mort de Ricardo Reis, José Saramago
Par Marie Lagrave

Lisbonne, décembre 1935. Fernando Pessoa, immense écrivain de la littérature portugaise, vient de s’éteindre. Ricardo Reis revient alors au pays natal après 16 années d’exil. Du Brésil, il vient se recueillir sur la tombe du célèbre auteur. Hanté par le fantôme de Pessoa qui lui rend visite à de nombreuses reprises, il erre pendant de longs mois dans une Lisbonne d’abord constamment pluvieuse, puis de plus en plus ensoleillée. Son quotidien, ponctué par la lecture des journaux et son aventure avec une femme de chambre, nous plonge dans le Portugal des années 30, entre dictature salazariste et prémices de la Seconde Guerre mondiale.
José Saramago, du serrurier au prix Nobel de littérature

Paru en 1984, L’Année de la mort de Ricardo Reis est le 5e roman de José Saramago. Né en 1922 dans une famille de paysans pauvres, dans la région du Ribatejo (au centre du Portugal), son seul diplôme est un brevet de serrurier. Il fait plusieurs métiers et, parallèlement, se passionne pour la littérature. Autodidacte, il écrit un premier roman, Terre du péché, dès 1947, mais le peu de succès qu’il rencontre et le manque de confiance en lui le poussent à abandonner l’expérience. Il devient alors journaliste, et il faudra attendre plus de vingt-cinq ans – et la perte de son emploi de directeur du Diario de Noticias à cause de son engagement au sein du parti communiste – pour qu’il se consacre à nouveau à la littérature.
Un recueil de poèmes, L’Année 1993, sort en 1975, puis un second roman, Manuel de peinture et de calligraphie, deux ans après. Ce livre est l’occasion pour lui de théoriser l’esthétique qu’il adoptera ensuite dans toutes ses œuvres. Écrivain réaliste selon ses propres dires, il s’intéresse en effet à la société et à l’actualité de son temps, mais ses romans sont imprégnés de fantastique : l’humanité devenant soudainement aveugle (dans L’Aveuglement) ou la péninsule ibérique se détachant du continent (dans Le Radeau de pierre). Son style se caractérise par un narrateur à la troisième personne, souvent ironique, et par un usage minimal de la ponctuation : uniquement des virgules, des points et quelques retours à ligne. Les dialogues, notamment, ne sont annoncés par aucun guillemet ou tiret, et se mêlent à la narration, rendant parfois floue la distinction entre les différentes voix qui prennent en charge le récit.
À partir de 1975, la production littéraire de Saramago devient ininterrompue. Le Dieu manchot, paru en 1982, lui apporte succès et reconnaissance internationale. Mais ses opinions et prises de positions font parfois scandale, comme c’est le cas en 1991 avec la publication de L’Évangile selon Jésus-Christ, qui suscite une vague d’indignation dans le milieu catholique portugais. Saramago quitte alors son pays et s’installe à Lanzarote, en Espagne, où il décédera en 2010. Son génie fut néanmoins largement reconnu de son vivant, et il obtint le prix Nobel de littérature en 1998. Il est à ce jour le seul écrivain portugais à avoir reçu cette distinction.
Un hommage vibrant à Fernando Pessoa et ses hétéronymes

L’Année de la mort de Ricardo Reis est avant tout un hommage à Fernando Pessoa, immense écrivain de la littérature portugaise, né en 1888 et décédé en 1935, auteur d’un grand nombre d’œuvres – de la poésie, mais également des essais, du théâtre… –, signées sous de multiples noms. On estime qu’il utilisa environ 70 noms de plume, ce foisonnement de pseudonymes lui permettant de justifier une production aussi abondante qu’hétérogène.
Mais Fernando Pessoa ne se contenta pas d’inventer de simples noms pour parapher son œuvre : toute sa vie, il s’est évertué à créer ce qu’il appela des hétéronymes, des pseudonymes devenus personnages à part entière, doté d’un style qui leur est propre, d’une biographie et d’une personnalité distinctes de celle de l’auteur. On compte 4 hétéronymes principaux de Pessoa : Alberto Caeiro, Alvaro de Campos, Bernardo Soares et… Ricardo Reis.
C’est donc un des doubles littéraires de Pessoa que José Saramago a repris pour en faire le principal protagoniste de son roman, survivant à la mort de son alter ego et revenant au Portugal dialoguer avec le fantôme de son inventeur. Ce roman est un hommage vibrant à Fernando Pessoa et ses hétéronymes, et un prolongement de son questionnement sur l’identité – ou plutôt, sur des identités multiples, fictives ou réelles. C’est également un « règlement de compte » avec le personnage de Ricardo Reis, que Saramago dit admirer pour ses odes mais dont il peine à supporter la posture, marquée par le stoïcisme.
Une fresque sociale et politique de Lisbonne
José Saramago fait revenir ce personnage à Lisbonne dans le contexte mouvementé de la dictature salazariste et des prémices de la Seconde Guerre mondiale. Les déambulations de Ricardo Reis dans la ville et sa lecture des journaux nous plongent dans cette actualité, et son aventure avec une femme de chambre (dont le frère est révolutionnaire) va peu à peu remettre en cause et questionner sa posture face au monde.
À travers ce roman, Saramago dessine une véritable fresque sociale et politique de Lisbonne, où se déroule quasiment l’intégralité du récit. La ville devient presque un personnage à part entière, Ricardo Reis y erre sans fin, commentant les évolutions qu’elle a connues pendant ses 16 années d’absence. On découvre ses rues, ses places, ses statues, mais également l’omniprésence du Tage, les pièces jouées au théâtre à cette époque, et les gens qui y habitent, comme ces deux vieux assis sur leur banc rue de Santa Catarina, qui semblent épier les allées et venues de Ricardo Reis. C’est finalement une véritable ode à Lisbonne, en écho au recueil Message de Fernando Pessoa, qui lui aussi chantait son amour pour cette ville.

« Lisboa, Lisbon, Lisbonne, Lissabon, quatre formulations différentes, sans compter les intermédiaires et les imprécises, et les enfants savent maintenant ce qu’auparavant ils ignoraient et qu’ils savaient pourtant, rien, à peine un nom qui trouble leurs jeunes intelligences, prononcé de manière approximative avec l’accent propre aux Argentins, aux Uruguayens, aux Brésiliens ou aux Espagnols […] »
(L’Année de la mort de Ricardo Reis, José Saramago, Éditions Points, p. 16)
Découvrir tous les voyages Arts et Vie au Portugal
En savoir plus :
- Série de 3 épisodes de « La compagnie des auteurs » consacrée à José Saramago, par France Culture
- Interview de José Saramago à propos de L’Année de la mort de Ricardo Reis, sur le site de l’INA
« Le décor impressionniste. Aux sources des Nymphéas »

Article partenaire avec L’Objet d’Art
Par Jeanne Faton
Installés depuis 1927 à l’Orangerie, les Nymphéas de Monet témoignent avec force de la dimension éminemment décorative de l’art impressionniste. Le lien singulier que les pionniers de l’art moderne nouèrent avec le décor mural n’avait pourtant jamais été exploré avant l’exposition du musée de l’Orangerie. Elle invite, à plusieurs égards, à porter un regard nouveau sur l’art impressionniste. Caillebotte, Monet, Renoir, Pissarro et bien d’autres, avec des toiles rarement ou jamais présentées en France, sont au rendez-vous.

Détail. Huile sur toile, 174 x 172,5 cm © Musée d’Orsay, dist. RMN – P. Schmidt
À lire également : notre visite des Bassins de Lumières de Bordeaux lors de l’exposition « Monet, Renoir… Chagall, Voyages en Méditerranée »
Les commandes des premiers mécènes
Au XIXe siècle, nombreux sont les peintres à avoir commencé leur carrière par des menus travaux de décoration. Qu’ils aient peint les murs de leurs auberges par amusement de rapins, pour « payer » l’aubergiste en nature, ou qu’ils aient décoré restaurants et cafés pour gagner quelques sous, les exemples sont légion.
Tout au long des années 1870, les impressionnistes sondent notamment l’existence d’un marché pour la décoration murale : dessus de porte, panneaux en pendants, triptyque, compositions peintes à même le lambris… S’ils se sont vus confier peu de décoration publique, n’ayant pas cherché à se mettre dans les rangs de la décoration officielle, ils ont en revanche réalisé beaucoup de commandes privées pour des mécènes. Ces réalisations peintes pour des murs précis à la demande de commanditaires divers les inscrivent, l’espace d’une décennie, dans une configuration inédite, très éloignée de l’indépendance qu’ils avaient pour habitude de prôner, en peignant des tableaux de chevalet, vendus par l’intermédiaire de marchands.
Premiers commanditaires
Grâce au soutien de l’éditeur des naturalistes, Georges Charpentier, et de son épouse Marguerite, Pierre-Auguste Renoir répond efficacement à une série de commandes, à l’heure où Monet, Caillebotte et Degas manifestent leur désir d’en obtenir. Marguerite Charpentier, qui tient un salon couru, lui commande tour à tour des décorations et des menus pour son intérieur, avant de lui confier des portraits familiaux.
En 1876, Monet est quant à lui convié par le marchand de tissus Ernest Hoschedé à venir peindre au petit château de Montgeron. L’espace d’un été, il exécute pour son mécène quatre compositions de grandes dimensions destinées au décor du grand salon : Les Dindons, L’étang à Montgeron, Coin de jardin à Montgeron et La Chasse. Il décorera plus tard la salle à manger de son marchand Durand-Ruel, une manière plus efficace pour ce dernier de faire acheter l’art impressionniste par « les capitalistes » !



Caillebotte s’engage lui aussi dans la voie de l’art décoratif, en réalisant un superbe triptyque champêtre, probablement destiné à orner les murs de sa demeure d’Yerres, illustrant les plaisirs de l’eau : canotage, baignade et pêche. Jusqu’alors dispersés entre collections privées et publiques, ces panneaux sont pour la première fois reconstitués dans leur ensemble. De Caillebotte aussi, pour sa demeure du Petit-Gennevilliers, figurent les étonnants panneaux décoratifs représentant sa serre d’orchidées, une passion du peintre-jardinier.
L’aventure des arts décoratifs : la fièvre expérimentale
Dans les années 1880, les impressionnistes sont nombreux à s’aventurer dans des domaines techniques où on ne les attendait pas, en explorant d’autres supports comme la peinture sur ciment, un brevet original déposé par Renoir et ses deux associés, et sur soie, ou encore la réalisation de carreaux de céramiques. En se confrontant à d’autres techniques que celle de l’huile sur toile, ils ne craignent pas d’embrasser la voie des arts dits mineurs. Au moment où la France organise l’Exposition universelle de 1878, les impressionnistes rejoignent ainsi les préoccupations de leur temps en appliquant le beau au quotidien.

dans les champs (Soleil couchant), éventail, vers 1883.
Gouache sur soie, 14,5 x 53,5 cm. Collection particulière. Photo service de presse © Musée d’Orsay – P. Schmidt
Le format en demi-lune de l’éventail suscite notamment un grand engouement chez eux. Plus rapides à réaliser et plus faciles à vendre que des tableaux, les éventails ont été une source de stabilité économique pour certains artistes comme Pissarro, qui en exposa un grand nombre à l’exposition impressionniste de 1879, aux côtés des éventails de Degas.
Des fleurs, un peu, beaucoup, passionnément…
La nature et plus particulièrement les fleurs constituent le motif décoratif par excellence des impressionnistes. Cette passion qui lie Caillebotte et Monet se reflète dans des tableaux saisissants où n’apparaissent plus de repères spatiaux. Ni haut ni bas, ni terre ni ciel : les formes et les couleurs deviennent le principal sujet de ces œuvres très décoratives qui évoquent la répétition d’un motif sur un lé de papier peint.

Huile sur toile, 130 x 89 cm. Collection particulière © Christie’s Images / Bridgeman Images
Trouer les murs
Les réflexions impressionnistes sur la décoration n’ignorent pas une grande interrogation du XIXe siècle dans ce domaine : faut-il trouer le mur ? Autrement dit, faut-il considérer que l’œuvre décorative fera oublier la muraille et ouvrira comme une fenêtre vers d’autres réalités, ou faut-il au contraire prendre en compte la planéité du mur et en souligner l’existence ? Monet apporte une réponse magistrale à cette question, avec le cycle des Nymphéas, exposés en permanence au musée de l’Orangerie et conclusion grandiose et immersive de cette aventure du décor impressionniste.
À découvrir avec la journée culturelle Arts et Vie : L’impressionnisme à Paris

Pour aller plus loin
Le hors-série L’Objet d’Art sur l’exposition « Le décor impressionniste. Aux sources des Nymphéas » au musée de l’Orangerie, avec un entretien des commissaires de l’exposition. Intégralement rédigé par Marine Kisiel, docteure en histoire de l’art et spécialiste du sujet.
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Article partenaire avec les Dossiers de l’Art
Par Jeanne Faton
Hôtel de la Marine
C’est à une véritable découverte du Garde-Meuble de la Couronne, jusqu’alors inaccessible au public, qu’invite aujourd’hui la réouverture de l’Hôtel de la Marine. Ce chantier de restauration de grande envergure a rendu aux appartements du XVIIIe siècle leur circulation initiale et dégagé avec soin la plupart des décors d’origine afin de retrouver l’esprit des lieux.
Plus de trois siècles d’histoire…
L’Hôtel de la Marine n’a d’abord été qu’un palais fantôme, une façade destinée à mettre en valeur le génie à la fois d’architecte et d’urbaniste d’Ange-Jacques Gabriel pour l’aménagement de la nouvelle place à la gloire de Louis XV. Plus de trois siècles d’histoire résonnent aujourd’hui dans ses murs…


Construit au XVIIIe siècle par le célèbre architecte, il abrite d’abord, jusqu’en 1798, le Garde-Meuble de la Couronne. Cette prestigieuse institution est chargée de fournir aux résidences royales le mobilier du plus nouveau goût (meubles, tapisseries, mais aussi des pièces d’orfèvrerie, armes et petits bronzes…) comme le mobilier courant. Les deux intendants du Garde-Meuble de la Couronne, Pierre-Élisabeth de Fontanieu, puis Marc-Antoine Thierry de Ville-d’Avray, y résident dans de somptueux appartements offrant une vue imprenable sur la future place de la Concorde. C’est là qu’eut lieu, en 1792, en pleine tourmente révolutionnaire, l’un des « casses » les plus célèbres de l’histoire : le vol des bijoux de la Couronne, un butin estimé à près de 30 millions de francs…
Après la Révolution, l’ancien Garde-Meuble de la Couronne devient, pendant plus de 200 ans, le siège du ministère de la Marine, auquel il doit son nom actuel. Quatre années de travaux administrés par le Centre des monuments nationaux viennent de rendre à l’hôtel les décors de ses appartements du XVIIIe siècle : une métamorphose qui plonge le visiteur dans les ultimes raffinements de l’art de vivre au siècle des Lumières !
La restauration : quand une cuisine cache des boiseries du XVIIIe siècle…


Comment restaurer un lieu historique dont la vocation a changé au fil des siècles et des besoins de ses nouveaux occupants ? Les marins, s’ils ont cloisonné et badigeonné les pièces du XVIIIe siècle, se sont heureusement révélés être d’excellents conservateurs : ils n’ont rien ou très peu détruit ; sous les nombreux repeints, les boiseries d’origine ont réapparu. La découverte la plus spectaculaire fut celle, derrière une cuisine en inox, des boiseries intactes du petit cabinet de Fontanieu. Commandée à l’ébéniste Jean-Henri Riesener, la table mécanique, chef-d’œuvre du mobilier français, qui s’y trouvait à l’origine et qui était conservée au Louvre, a pu y reprendre sa place, avec le secrétaire à abattant assorti, offert par un généreux donateur.
Parmi les temps forts de cette visite des appartements privés, citons encore la découverte du cabinet des miroirs, écrin précieux et doré, entièrement décoré de miroirs peints de guirlandes et d’angelots, ou encore la salle à manger de l’Intendant : autour du célèbre mobilier de Riesener, les décorateurs Joseph Achkar et Michel Charrière ont dressé une table dans le goût du XVIIIe siècle, en s’inspirant du fameux Déjeuner d’huîtres de Jean-François de Troy, peint pour le roi Louis XV et dans lequel le champagne, boisson nouvelle à l’époque, coule à flots… Un audioguide permet de déambuler dans les différentes pièces au fil d’un parcours théâtralisé offrant une expérience de visite inédite très réussie.
La fête continue avec la Collection Al Thani


Outre les appartements XVIIIe, le public arpente aussi les salons d’apparat du XIXe siècle, plus solennels et plus froids, aménagés pour le ministère de la Marine et restaurés il y a quelques années. Un trésor l’attend enfin dans cet écrin retrouvé que constitue l’Hôtel de la Marine : une sélection de 120 œuvres de la collection du prince Al Thani, présentée à travers une scénographie onirique. Voulant démontrer la force unificatrice de l’art à travers les cultures et les civilisations, l’exposition réunit de somptueux chefs-d’œuvre : la tête d’une figure royale d’Égypte ancienne sculptée dans du jaspe rouge (1475-1292 av. J.-C.), une sculpture chinoise en bronze doré d’un ours assis provenant de la dynastie Han (206 av. J.-C. – 25 apr. J.-C.), un pendentif Maya (200-600 apr. J.-C.) ou encore la coupe de jade de l’empereur moghol Jahângîr (1569-1627). L’éblouissement est au rendez-vous !

Pour aller plus loin :
Le Dossier de l’Art écrit par les meilleurs spécialistes et historiens sur l’Hôtel de la Marine, son histoire et ses collections
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L’Espagne, une mosaïque de cultures baignée par le soleil
Par Marie Lagrave
Il est difficile de résumer l’Espagne en quelques lignes, tant son identité est plurielle et son histoire complexe. L’Espagne a connu la civilisation d’Al-Andalous marquée par l’Islam, et le Siècle d’or initié par les rois catholiques. Une fois unifiée, elle est devenue un empire extrêmement puissant, s’étendant jusqu’au Nouveau Monde, avant de décliner et de perdre un territoire considérable. Le pays a ensuite connu la guerre civile et la dictature de Franco avant de devenir une monarchie parlementaire. L’Espagne, c’est à la fois le pays de l’Inquisition et des tapas, de Don Quichotte et du flamenco. C’est aussi et surtout une mosaïque d’identités régionales marquées, de la Galice à l’Andalousie en passant par la Castille et le Pays basque.
CARTE D’IDENTITÉ
Capitale : Madrid
Superficie : 505 911 km2
Nombre d’habitants : 47 329 981 habitants (en 2020)
Fuseau horaire : UTC+1 (pas de décalage horaire avec la France)
Monnaie : l’euro
Langues : La langue officielle du pays est le castillan. De plus, le catalan, le galicien, le basque et l’occitan sont également reconnus comme langues officielles régionales.
Météo : L’Espagne est réputée pour ses températures clémentes et son ensoleillement. L’été y est chaud et sec, avec des températures parfois très hautes en juillet et août, notamment en Andalousie, mais également dans la région de Madrid. Les hivers sont plutôt doux, surtout sur les côtes, mais les régions continentales connaissent parfois des épisodes de grand froid.
LES INCONTOURNABLES DE L’ESPAGNE
La cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle

Suite à la découverte du corps de l’apôtre saint Jacques, une première église fut érigée au début du IXe siècle. Elle fut ensuite reconstruite entre le XIe et le XIIIe siècle, puis embellie entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Objet d’un des trois grands pèlerinages de la Chrétienté, avec ceux de Jérusalem et de Rome, c’est l’un des plus grands centres de dévotion catholique. Les chemins de Compostelle forment aujourd’hui un vaste réseau d’itinéraires de randonnées irradiant l’Espagne et la France mais aussi une partie de l’Europe.
La Sagrada Família, à Barcelone
Chef-d’œuvre inachevé de Gaudí, le temple expiatoire de la Sagrada Família a été entamé en 1882 et est toujours en travaux depuis. C’est un projet magistral, comprenant trois façades (Nativité, Passion et Gloire), cinq nefs et dix-huit tours (dont la plus haute atteindra les 172 m de haut). L’édifice est désormais un emblème du modernisme catalan. La construction de la basilique devait s’achever pour le centenaire de la mort de Gaudí, en 2026, avant que l’épidémie de Covid-19 ne cause une suspension des travaux de près de huit mois.
À lire également : notre article sur la Casa Batlló, autre oeuvre de Gaudí à Barcelone
Le musée Guggenheim, à Bilbao

Consacré à l’art contemporain, le musée Guggenheim est lui-même une œuvre d’art, avec ses ondulations et ses effets de lumière créés par les plaques de titane dont il est recouvert. Conçu par l’architecte Frank O. Gehry, son inauguration en 1997 a initié une profonde revitalisation de Bilbao. À l’extérieur comme à l’intérieur, les œuvres se succèdent dans une riche scénographie. On y admire les sculptures gigantesques de Richard Serra ; Maman, l’araignée de Louise Bourgeois ; Puppy, le chien géant habillé de fleurs de Jeff Koons…
Le musée du Prado, à Madrid
Cette pinacothèque a ouvert ses portes en 1819 afin d’accueillir les collections royales rassemblées par les Habsbourg et les Bourbons. Enrichi au fil du temps, le fonds du musée comprend une collection impressionnante de chefs-d’œuvre des grands maîtres espagnols (Velázquez, le Greco, Goya…) mais également flamands (Rubens, Bosch, Memling…), italiens (Botticelli, le Titien, Véronèse…) et de toute l’Europe. C’est aujourd’hui l’un des musées les plus riches au monde.
Cordoue, Grenade et Séville : les joyaux de l’Andalousie



Marquée par huit siècles de domination arabe, l’Andalousie possède un patrimoine d’une richesse incomparable. Trois villes et trois monuments sont particulièrement emblématiques de la région : Cordoue, sublime capitale d’Al-Andalous, et sa grande mosquée – convertie en cathédrale après la Reconquista ; Grenade et l’immense Alhambra, dernier bastion musulman qui résiste jusqu’en 1492 aux rois catholiques ; et enfin Séville, point de départ des grands navigateurs et résidence régulière des rois d’Espagne, qui y construisent le fabuleux palais de l’Alcazar.
À lire également : notre article sur Romancero gitano de Federico García Lorca, poète andalou
LES COUPS DE CŒUR DE NOS SPÉCIALISTES
Béatrice Bailloux, forfaitiste-coordinatrice en charge de la Castille, de la Galice et du Pays basque :
“Ce que j’aime le plus en Espagne, c’est l’ambiance qui règne. Les discussions vives coupées d’éclats de rire que l’on peut entendre en passant devant les bars à tapas. Les grandes places où les familles, des grands-parents aux petits-enfants, se retrouvent le soir pour partager leur journée. C’est un pays de partage et de fête. Que ce soient des fêtes improvisées au détour d’une rue où les gens dansent au son d’une musique entraînante, ou les multiples célébrations religieuses faites de processions colorées où des hommes portent à bout de bras de précieuses statues. C’est tout ça, l’Espagne que j’aime !”
Franck Orvain, forfaitiste en charge de la Catalogne et de l’Andalousie :
“Mes séjours en Espagne sont rythmés par de longues balades matinales. C’est à mes yeux le meilleur moment de la journée pour profiter du pays, baigné dans la chaleur douce et prometteuse d’une belle journée. La plage encore déserte de Barceloneta – au coeur de Barcelone – semble loin de l’agitation de la place de Catalogne et des Ramblas. Les rues étroites et symétriques de ce quartier dégagent une atmosphère populaire et familiale. À Séville, ma promenade du matin passe par le quartier simple et authentique de Triana. Il faut traverser le Quadalquivir et se retrouver dans le marché où les gens du quartier viennent faire leurs achats pour les prochains repas. Autant de matins, autant de balades, d’impressions, de bons moments qui deviendront de beaux souvenirs.”
Julie Chamouleau, forfaitiste en charge de l’Andalousie :
“Ronda fut une de mes premières découvertes espagnoles et j’ai eu un véritable coup de cœur pour cette ville pleine de charme. Elle fait partie des fameux pueblos blancos, ces villages typiques de l’Andalousie, aux maisons blanchies à la chaux. Sa particularité ? Elle est coupée en deux par un vertigineux ravin, le Tajo, qui offre des vues spectaculaires sur la sierra andalouse. De jolies balades sont à faire le long de cette faille, en traversant le Puente Nuevo. En ville, il faut également aller voir les arènes, qui sont les plus anciennes du pays.”
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Par Flavie Thouvenin
Lundi 25 octobre 2020, au petit matin. J’entame mon 4e jour dans le plat pays, le temps file. Après deux jours à arpenter les ruelles et naviguer au fil des canaux de la belle Bruges, changement d’ambiance ! Nous sommes partis la veille à l’assaut de Bruxelles, avec un programme réjouissant mais chargé : la Grand-Place, le Manneken-Pis, les galeries Saint-Hubert, le marché aux puces de la place du Jeu de Balle… les pieds commencent à chauffer, mais il n’est pas question de s’arrêter.

Aujourd’hui, on prend de la hauteur. À chaque nouvelle escapade citadine, c’est la même rengaine : s’il y a une tour, je me dois d’y monter ! Je collectionne les visites d’observatoires comme celles des plus grands musées. Le beffroi de Bruges n’ayant pas suffi à me rassasier, c’est vers le plateau de Heysel que je pars ce matin : direction l’Atomium, un des symboles de la capitale belge. La météo n’est pas des plus clémentes, un petit vent vient nous rafraîchir le bout du nez et le ciel est bien grisé mais les prévisions des jours suivants promettent de la pluie… c’est maintenant ou jamais !
Un colosse d’aluminium et d’acier
Arrivée sur place, nous sommes visiblement une tripotée à avoir eu la même idée, la queue pour le guichet promettant de longues minutes d’attente… Ce qui nous laisse tout le loisir d’admirer la structure étonnante de ce colosse d’aluminium et d’acier, mi-sculpture mi-architecture. Représentant une maille élémentaire de fer (9 atomes de fer) grossie 165 milliards de fois, l’Atomium surprend par sa forme unique : 3 piliers soutenant 9 sphères de 18 m de diamètre, reliées entre elles par de longs tubes de 3,3 m de diamètre. Pensé par l’ingénieur André Waterkeyn et conçu par les frères architectes André et Jean Polak, l’Atomium fut l’attraction phare de l’Exposition universelle de 1958.
Avec pour slogan « le bilan d’un monde pour un monde plus humain », cette édition de l’Expo entendait initier et réconcilier le grand public avec la science, en plein contexte de guerre froide et sa course à l’armement, et après le traumatisme des bombes atomiques larguées sur le Japon en 1945. Après les sombres années de la guerre, on commence à entrevoir les possibilités illimitées des dernières grandes découvertes scientifiques et l’on se prend à rêver d’un futur magnifié grâce au progrès scientifique. Les navettes remplaceront les voitures, les fusées nous emmèneront aux confins de l’espace-temps, les maladies ne seront plus : c’est le temps de l’espoir et l’âge d’or de la science-fiction ! L’Atomium capte toute l’audace d’une époque et nous offre un véritable voyage dans le temps.

Point de vue sur la capitale belge
Après 30 min d’une attente dans la fraîcheur matinale, nous ne sommes pas mécontents d’atteindre enfin le guichet ! Pass sanitaire scanné, température prise, masques sur le nez (pas d’inquiétude, le protocole Covid est ici très respecté !), billets en poche : la première étape de la visite nous tend les bras. Nous embarquons dans l’ascenseur du tube central, le plus rapide à l’époque de sa construction à raison de 5 m gravis par seconde, direction le sommet ! En 23 petites secondes, nous y sommes déjà.
À 92 m de haut, le panorama qui s’offre à nous est réputé le plus beau de la capitale. Avec sa vue à 360°, on peut, par temps clair, voir jusqu’à Anvers. Pour nous, c’est loupé ! La grisaille se lève peu à peu et nous laisse tout de même une très belle vue sur tout Bruxelles et ses environs, ainsi qu’un beau point de vue sur l’Atomium lui-même. Un spot de choix pour les photographes amateurs (et pour les demandes en mariage aussi, paraît-il !). Après avoir déambulé dans la sphère et tenté d’identifier les monuments de la capitale à l’aide des panneaux jalonnant l’espace, nous rejoignions le rez-de-chaussée en aussi peu de temps qu’il nous en a fallu pour monter… mais la visite est loin d’être terminée !


Au temps de l’Expo
Deuxième étape de la visite : la sphère de base, qui sur plusieurs étages présente une exposition permanente consacrée aux années 1950, à l’Exposition universelle de 1958 et à la construction de l’Atomium. Images et documents d’archives, plans et dessins d’architectes, maquettes et vidéos nous font remonter dans le temps et nous plongent dans l’ambiance de l’époque, sur un air de nostalgie. Il faut dire que l’Expo universelle de 58 fut la dernière organisée sur le sol belge, qui pour l’occasion avait mis les petits plats dans les grands. Sur le plateau du Heysel, entre les mois d’avril et octobre, les pavillons des 44 pays participants attirent pas moins de 43 millions de visiteurs, plaçant Bruxelles sous le feu des projecteurs.
Outre les pavillons de l’URSS et des États-Unis, c’est l’Atomium qui intrigue le plus les badauds : son succès auprès des locaux comme des étrangers est immédiat. Il devient ainsi l’un des spots les plus en vue de la capitale, et un arrêt incontournable pour les touristes. Au départ construit uniquement dans le cadre de l’Expo, il échappe ainsi à la destruction plusieurs fois au cours des décennies, jusqu’à bénéficier enfin de grands travaux de rénovation plus qu’attendus entre 2004 et 2006. L’Atomium est là pour rester !

Un pas dans le passé, un autre dans le futur
À l’intérieur, l’architecture a des allures de sous-marin… ou de vaisseau spatial digne des plus grands space opera, ambiance 2001, l’Odyssée de l’espace ! Un voyage intergalactique qui nous mène d’une sphère à une autre, par le biais d’escalators mécaniques (les plus longs d’Europe à leur construction – jusqu’à 35 m pour l’un d’eux) et d’une flopée d’escaliers, le tout soutenu par une structure de charpente métallique et un alliage en acier et inox impressionnants, illuminés par des néons de couleurs vives. Un univers pour les fans de science-fiction ! Outre la sphère de base réservée à l’exposition permanente, cinq autres sont accessibles au public, l’une accueillant notamment des expositions temporaires sous forme de spectacle son et lumière qui ajoute au mystère des lieux… Petits et grands en prendront à coup sûr plein la vue !


À découvrir avec l’escapade Arts et Vie : Bruxelles, festival de l’Art nouveau à l’Art déco

Du côté de chez Proust
Par Emmanuelle Bons
Depuis sa réouverture en 2021 suite à la réfection totale de ses espaces, le musée Carnavalet n’a cessé de démontrer que sa réputation d’institution poussiéreuse et surannée appartient désormais au passé. En cette année particulière où l’on célèbre le 150e anniversaire de la naissance de Marcel Proust, ce musée a choisi de rendre hommage à cette figure incontournable de la littérature autour d’une thématique inédite et d’une scénographie innovante. Le plus Parisien des écrivains se voit ainsi mis en lumière dans cette institution dédiée à la capitale afin de souligner la place essentielle de Paris dans sa vie mais aussi dans son œuvre.
Exposer la littérature
Aborder la littérature dans le cadre d’une exposition est un challenge de taille ! Comment parvenir à évoquer les imaginaires, les mondes fictifs, par le biais de représentations concrètes et matérielles. Là où beaucoup d’institutions ont échoué en présentant une accumulation de documents et de manuscrits sans relief, le musée Carnavalet a relevé le défi avec brio ! Il faut dire que les deux hôtels particuliers, l’hôtel Carnavalet et l’hôtel Le Peletier de Saint Fargeau – réunis en un musée qui sert d’écrin à cette exposition – constituent de purs exemples de la délicatesse de l’architecture du XVIIe siècle et illustrent parfaitement le luxe et le raffinement parisien. Une belle entrée en matière donc pour aborder cette plongée dans le temps qui invite à revenir vers l’époque de transition entre le XIXe et le XXe siècle, pleine de promesses en la modernité.
Immersion dans le “Paris fin de siècle”
Dès mes premiers pas dans les espaces d’exposition, je me suis sentie immédiatement immergée dans le Paris des années 1870 où nait Marcel Proust au cœur des quartiers huppés du 16e arrondissement. On y croise pêle-mêle de nombreux portraits et photographies du futur écrivain et de sa famille, mais aussi des représentations des quartiers de son enfance et de sa jeunesse autour du 8e arrondissement qu’il chérit et ne quittera quasiment jamais. On découvre le lycée Condorcet qu’il fréquenta, les Champs-Élysées où il se promenait mais aussi l’opéra, les salons, le Louvre… Un habillage musical qui évoque l’atmosphère à la fois feutrée et frivole de ce Paris fin de siècle ainsi que des accessoires de mode viennent parfaire le portrait de cette jeunesse insouciante, souriante et riche.
Retrouver l’homme

Pièce maitresse de l’exposition, la chambre reconstituée de Marcel Proust a constitué un moment vraiment fort de mon parcours. Avec son éclairage théâtralisé et sa scénographie particulière, cette pièce offre une approche très intime de l’écrivain. Je l’imagine sans mal étendu sur sa méridienne en train de penser ou de travailler, je me représente sa silhouette pâle et maladive dans sa pelisse noire à col de loutre, je frémis en pensant à sa dépouille funèbre dans ce lit à barreaux de métal… Cette salle est vraiment très émouvante pour qui s’est intéressé de près à l’homme autant qu’à l’écrivain. Impossible sans doute d’évoquer l’un sans l’autre. Véritable transition entre les évocations biographiques des premiers espaces et la plongée dans l’univers de la Recherche dans les suivantes, cette pièce symbolise le nœud central de l’exposition, le lieu même de la création littéraire, l’espace de transformation du réel en un monde fictif dense et précis.
À la recherche du temps perdu, un roman parisien ?
Toute la seconde partie de l’exposition est en effet consacrée au Paris fictionnel dans lequel le lecteur déambule au fil des pages de la Recherche. On y retrouve l’espace mondain du bois de Boulogne, l’imaginaire faubourg Saint-Germain ou encore le Paris interlope de Sodome et Gomorrhe… Là encore tableaux, manuscrits, mais aussi films, documents sonores et costumes viennent former un ensemble saisissant qui plonge le visiteur dans un univers que l’écrivain a créé de toutes pièces à partir de son environnement familier. La capitale poétisée par Proust, est le cadre de la quête du narrateur – double de l’auteur – jusqu’à la révélation finale de sa vocation d’écrivain.
À découvrir avec l’escapade Arts et Vie : Sur les pas de Marcel Proust, de Paris à Cabourg

Une ode à la modernité et à la couleur
Par Marie Lagrave
Dans le Plus #158 de l’hiver 2020, nous avions consacré un article à l’ouverture d’un nouveau lieu culturel à Bordeaux : les Bassins de Lumières. Installé dans une ancienne base sous-marine, cet insolite espace d’exposition a été aménagé par Culturespaces afin d’accueillir des expositions numériques. Ici, pas de tableaux encadrés ; les œuvres sont projetées directement sur les murs, et emplissent tout l’espace. J’étais à la fois curieuse de découvrir ce lieu atypique, s’inscrivant dans le renouvellement de la ville insufflé depuis une vingtaine d’années, et enthousiasmée par le concept novateur de ces expositions immersives. J’ai ainsi profité d’un séjour à Bordeaux à l’automne pour aller visiter ces fameux Bassins de Lumières.
Le quartier de Bacalan, marqué par l’histoire
Rendez-vous donc dans le quartier Bacalan, excentré au nord de la ville. Ici, tout semble neuf, des travaux sont encore en cours ça et là. Le quartier, portuaire et industriel, existe pourtant depuis le XVIe siècle. Il connait un essor important à partir du début du XIXe siècle, lorsque la construction du pont de pierre empêche l’accès des bateaux en aval. Les bassins à flots sont creusés, industries et chantiers navals s’installent en nombre. Puis la Seconde Guerre mondiale éclate et la France est rapidement occupée par les Allemands. Le port de Bordeaux devient un lieu stratégique et une imposante base sous-marine y est construite. Cible de l’aviation alliée, la base sera bombardée à plusieurs reprises ; mais à la Libération, l’énorme bunker est à peine éraflé. Carcasse indestructible, sombre souvenir d’une période haïe, il est laissé à l’abandon. Et le quartier de Bacalan entame une inexorable récession.

Le renouveau des années 2000
Il faudra attendre les années 2000 et le réveil de la « belle endormie » pour que des travaux d’envergure soient envisagés à Bacalan. C’est d’abord avec l’arrivée du tramway en 2007 que le quartier commence à se moderniser, puis les projets immobiliers et culturels se multiplient à partir des années 2010. Le pont Chaban-Delmas est construit en 2012, les Halles de Bacalan sont inaugurées en 2017, le musée Mer Marine en 2018. La base navale, investie par Culturespaces, devient les Bassins de Lumières et ouvre ses portes en juin 2020.
« Monet, Renoir… Chagall, Voyages en Méditerranée » aux Bassins de Lumières
Gigantesque bloc de béton noirci par le temps, le bunker allemand se voit de loin. Impressionnée par l’architecture imposante de ses murs et des alvéoles ouvertes sur les quais, je pénètre à l’intérieur. Il faut quelques instants pour que mes yeux s’habituent à l’obscurité qui y règne. Mais très vite, je suis happée par l’univers sonore de l’exposition et le festival de couleurs projeté sur les murs. Les œuvres de Renoir, Monet, Pissarro, Signac, Bonnard, Dufy, Chagall et de quelques autres, s’animent sous mes yeux, se reflètent dans l’eau des bassins, se succèdent les unes aux autres. Plusieurs espaces permettent d’apprécier l’exposition : les 4 bassins, la citerne, la mezzanine et les gradins. Je déambule de l’un à l’autre, la Méditerranée sous mes pieds, avec l’impression d’avoir plongé dans un tableau, dans l’univers joyeux et coloré de ces peintres. Et je m’émerveille avec eux de la beauté de la Côte d’Azur.
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« Yves Klein, l’infini bleu » aux Bassins de Lumières
Au bout d’une quarantaine de minutes, mon voyage en Méditerranée se termine, remplacé par une autre projection mettant à l’honneur Yves Klein et son fameux bleu. La mer sous mes pieds devient pavés, puis c’est une explosion de motifs, de textures et de couleurs, dominée bien sûr par le bleu Klein. Retraçant le parcours de l’artiste, le programme dure une dizaine de minutes.

Les créations contemporaines du Cube
Je passe ensuite dans le Cube, une petite salle carré consacrée aux créations contemporaines. Deux programmes s’y succèdent : « Memories » créé par le studio Spectre Lab et « Everything » du studio Nohlab. Accompagnés d’une voix off, ils proposent un questionnement métaphysique, où sciences et philosophie se mêlent. Enfin, je termine ma visite par un passage à l’espace musée, qui présente l’histoire de la base sous-marine.


Les Bassins de Lumières proposent une expérience immersive complète et très réussie. Les différents programmes sont bien réalisés et présentent une belle diversité. C’est néanmoins peut-être un peu dense si l’on souhaite tout faire en une seule visite. J’aurai sans doute préféré une offre moins importante (il y a, en comptant la présentation de la base, 5 thématiques différentes) avec des programmes plus longs et plus détaillés. La base navale, quant à elle, avec ses volumes importants, l’eau de ses bassins, son acoustique particulière est un superbe écrin pour ce centre culturel numérique. Sans pour autant oublier l’histoire, Culturespaces a su complètement transformer cette place forte militaire, conçue pour la guerre et la destruction, pour en faire un lieu tourné vers l’art et la beauté.
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Un voyage culturel en Europe avec Arts et Vie vous mènera ainsi en son berceau, la Grèce. D’Athènes à Épidaure, de Cnossos à Cythère, et de Corfou aux Cyclades, vous retrouverez partout, aux frontons des temples comme dans les formes simples des maisons blanchies à la chaux, ce sens de la mesure harmonique qui fit de la Grèce antique un modèle esthétique pour des siècles. À Athènes, vous comprendrez le sens de l’eurythmie à la vue de l’Érechthéion ou du Parthénon et suivrez au musée de l’Acropole les grandes étapes de l’art grec, de la civilisation mycénienne à l’art hellénistique.
Faire un voyage culturel en Italie, c’est aller à la rencontre de l’ancien Empire romain qui régna sur le monde antique et de la Mère-Patrie des arts qui engendra la Renaissance. De Rome à Florence, de Venise à Sienne, une constellation unique d’artistes de génie produisirent des œuvres au rayonnement universel, des Primitifs du Quattrocento aux grands maîtres de la Renaissance, Léonard, Raphaël, Michel-Ange. L’Italie, c’est aussi Venise, cette ville surgie des eaux où se mêlèrent Byzance, l’Orient et le Gothique dans le palais de la Ca’d’Oro ou à la Basilique Saint-Marc. Tandis que l’on doit aux peintres vénitiens comme Giorgione ou Titien un modelé plus sensuel des chairs et une perspective atmosphérique obtenue par la couleur et par la lumière. Un voyage en Italie ne saurait oublier la baie de Naples, le Vésuve, Sorrente et la côte almafitaine, grand jardin suspendu sur la mer tyrrhénienne.
En France, Paris reste toujours Paris, avec ses hôtels particuliers du Marais des XVIIe et XVIIIe siècles au bel ordonnancement régulier, ses grands boulevards haussmanniens, ses musées aux collections exceptionnelles comme Le Louvre ou le musée d’Orsay, sa place de la Concorde et ses Champs-Élysées, ses quartiers de Montmartre ou de Montparnasse marqués par les Impressionnistes, les Fauves ou les Cubistes. La richesse culturelle de la France est aussi dans ses régions : vous irez à la découverte de la romanité en Provence, de la culture cathare autour de Carcassonne, de l’Alsace des marchés de Noël, mais aussi des grands festivals d’été comme ceux de Marciac ou de la Roque-d’Anthéron.
Ceux qui aiment le Sud profond feront un voyage culturel en Espagne ou au Portugal. L’Espagne est diverse, car elle fut ouverte aux nombreuses influences extérieures : celles de la civilisation romaine et de la civilisation arabe, celle de l’Italie, de l’Europe du Nord et de la France du Sud-Ouest. Puis c’est l’Espagne qui rayonnera sur l’Europe, avec le Siècle d’or, ses artistes majeurs, ses monarques absolus et les conquêtes de son immense empire colonial De la Catalogne à l’Aragon, de l’Estrémadure à l’Andalousie, un voyage culturel avec Arts et Vie vous fera voir cette Espagne aux multiples visages, qui s’enrichit de l’apport de la culture cistercienne comme de celui des princes omeyades en Andalousie. C’est à Madrid que l’Espagne du Siècle d’or connut un rayonnement sans pareil jusqu’au XVIIe siècle. Le musée du Prado en témoigne par la richesse exceptionnelle des œuvres venues du foyer andalou, celles de Ribera, de Zurbaran ou de Vélasquez.
Un autre génie de la peinture espagnole, Le Greco, a marqué l’art européen par la puissance de ses représentations. Vous le retrouverez à Tolède, au musée qui porte son nom, et dans l’église San Tomé. Le Greco a beaucoup influencé Picasso dont vous pourrez voir les œuvres à Barcelone. À Barcelone les architectures foisonnantes et organiques du mouvement moderniste imposeront leur forte présence, de Lluis Domenéch Montaner à Antoni Gaudí. Au Portugal, vous retrouverez les vestiges glorieux qui firent de ce petit pays l’une des principales puissances maritimes d’Europe et lui virent jouer un rôle majeur dans les Grandes Découvertes, grâce à des rois comme Henri le Navigateur ou Manuel Ier et des navigateurs comme Bartolomeu Dias et Vasco de Gama. Ainsi s’étendirent ses frontières bien au-delà des mers, jusqu’au Congo, au Cap-Vert et au Brésil. Si vous préférez le Nord, ses paysages et ses mythologies, Arts et Vie vous emmènera en Autriche, découvrir le rococo des églises et des palais ou admirer l’art de la Sécession viennoise, ses architectures nouvelles et ses peintres flamboyants comme Klimt ou Franz von Stuck.
En Allemagne, vous irez sur les traces nombreuses et glorieuses qui firent l’Empire carolingien, le Saint-Empire romain germanique, puis la monarchie des Habsbourg. En remontant le cours des fleuves comme le Rhin, l’Elbe, la Moldau ou le Danube, vous découvrirez les villes médiévales qui fascinèrent les romantiques. Ou visiterez Salzbourg qui vit naître Mozart et dont le centre à l’architecture baroque et italianisante, se caractérise par une profusion de flèches et de dômes eux-mêmes dominés par la silhouette monumentale et austère de la forteresse de Hohensalzburg.
Toujours plus au nord, vous pourrez choisir la ligne claire des pays scandinaves, dont les grands architectes et designers créèrent un nouvel art de vivre qui est toujours le nôtre. Plus à l’est, enfin, c’est la grande Russie. À Moscou, vous admirerez la Place Rouge et la forteresse du Kremlin entourée de ses nombreux palais et cathédrales sommés de bulbes d’or et de coupoles colorées. À Saint-Pétersbourg, vous découvrirez une « Venise du Nord » aux quatre-cents ponts et aux nombreux canaux, surgie des marécages en 1703 par la volonté visionnaire du seul Pierre Le Grand. À moins qu’une croisière au fil de la Néva ou de la Volga ne vous mène jusqu’en Carélie ou à la découverte des villes orientales comme Kazan la tatare ou Samara la turco-mongol.