Portugal

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Portugal
Les caves de porto de Vila Nova de Gaia

Par Flavie Thouvenin

Autrefois boudée des voyageurs qui lui préférait sa grande sœur et éternelle rivale Lisbonne, Porto connaît ces dernières années un essor touristique qui en fait l’une des villes les plus appréciées d’Europe : l’ancien joyau caché du Portugal a su ravir le cœur des globe-trotteurs en quête de charme et d’authenticité. Nichée sur les rives du Douro, la capitale du Nord, ainsi qu’on la surnomme, séduit les visiteurs au fil des ruelles pavées de ses quartiers historiques, bordées de façades colorées toutes d’azulejos vêtues et d’élégantes églises ou de petites chapelles au style si caractéristique. Métropole à taille humaine, on vient y goûter une douceur de vivre dont l’Europe du Sud a le secret… attablé dans une tasca traditionnelle, on y déguste de savoureuses spécialités, arrosées d’un peu de son fameux vin de porto, star locale incontestée ! Pour les œnologues passionnés comme pour les plus novices, une visite de caves renommées est un incontournable du tourisme local : à l’occasion de quelques jours sur place, je me suis laissée tenter…

vallée du Douro Portugal vignes vignobles
Paysage de vignobles de la vallée du Douro © J.-M. Laurent

La vallée du Douro, terre de vignobles

C’est dans la vallée du Douro, lovée dans les collines verdoyantes qui bordent le fleuve du même nom, que s’est écrite l’histoire du vin de porto, le plus connu des vins portugais. Le long de ses pentes escarpées, on y cultive la vigne depuis l’Antiquité, des lignées de vignerons y ayant façonné ses cultures en terrasses si caractéristiques de ses paysages, favorisés par un sol schisteux et un climat généreux – deux ingrédients essentiels pour un terroir d’exception. On y cultive divers cépages et perpétue les traditions de vinification dans les quintas (domaines viticoles) génération après génération. Il y a encore quelques siècles, pourtant, point de porto mais déjà un vin qui plaît aux palais étrangers…

Vins français contre vins portugais

Et si je vous disais que le porto vit le jour… suite à l’embargo proclamé par Colbert contre le roi d’Angleterre ! Les Anglais, tout à coup privés du clairet, leur vin bordelais préféré, se tournèrent en effet vers le Portugal pour s’approvisionner en précieux nectar. Les vins locaux leur siéent, ils se mirent à en exporter des quantités impressionnantes, jusqu’à créer sur place des maisons de négoce, et bénéficier de réductions de taxes… Un commerce rondement mené, qui se voit toutefois entacher d’un fâcheux problème : le vin du Douro supporte mal le voyage jusqu’aux rives britanniques… Un marchand anglais décide alors d’y ajouter de l’eau-de-vie afin de le stabiliser, en faisant un vin muté : c’est la naissance du porto tel qu’on le connaît de nos jours.

Les caves Cálem et Sandeman, deux grandes marques de porto, à Vila Nova de Gaia © F. Thouvenin

Vila Nova de Gaia, le porto en héritage

Chéri par les Britanniques qui le trouvent décidément bien à leur goût – les Français n’ont qu’à bien se tenir ! –, le vin de porto séduit bientôt toutes les tables européennes et son commerce s’intensifie. Un succès jamais démenti depuis ! On ne parle d’ailleurs plus du vin de porto mais des vins de porto : qu’ils soient ruby (mûris en bouteille) ou tawny (mûris en fût), ils se déclinent désormais dans toute une palette de saveurs, rouge bien sûr, mais aussi blanc, ou même rosé ! Curieusement, pourtant, s’ils ont depuis toujours les faveurs des bouches étrangères, les vins de porto ne sont que peu consommés des Portugais, qui leur préfèrent d’autres crus du pays. La plupart de la production se destine ainsi à l’exportation et, encore aujourd’hui, c’est à Vila Nova de Gaia, qui fait face à la ville de Porto, de l’autre côté du Douro, que l’essentiel des caves à vin de porto sont installées. Traditionnellement, on y acheminait le vin de la vallée dans des fûts que l’on transportait à bord des rabelos, embarcations à fond plat typique de la région : si on ne les utilise plus de nos jours, on peut encore en apercevoir le long des quais, pour le plus grand plaisir des touristes.

Au cœur des caves historiques

Avec ses caves de renom, Vila Nova de Gaia s’est naturellement imposée comme un passage obligé de tout séjour dans la vallée du Douro. En quelques minutes depuis Porto, par la traversée du spectaculaire pont Dom Luiz II, les caves les plus renommées sont à nos pieds ! Au fil des rues, les noms défilent : Calém, Sandeman, Ramos Pinto, Quinta do Noval, Niepoort, Graham’s, Taylor’s… même si toutes les caves ne se visitent pas, vous aurez l’embarras du choix ! Pour les novices, une visite classique saura déjà vous satisfaire. Ainsi, aux caves Calém, elle s’articule en trois temps : la découverte du petit musée interactif, d’abord, qui présente le vin de porto, ses saveurs, son histoire à travers des animations ludiques, cartes, films… ; la visite d’une partie des caves, ensuite, en compagnie d’un guide passionné et passionnant qui détaille le processus de fabrication et délivre quelques secrets de la maison ; et pour finir, bien sûr, la très attendue dégustation qui permet d’éduquer ses papilles à quelques déclinaisons des jus de la maison…

Une immersion dans l’âme de toute une région – que les amateurs de vin préféreront sans doute compléter par une excursion au cœur des vignes de la vallée du Douro pour prolonger la découverte… à moins que vous ne préfériez, comme moi, vous installer en terrasse pour déguster un dernier verre – avec modération, bien sûr !

Visitez les caves d’une maison de porto et naviguez au cœur de la région viticole du Douro au cours de notre croisière « Au fil du Douro »

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Fiche pays – Portugal

Le Portugal, entre terre et mer

Par Flavie Thouvenin

Histoire, culture, nature, gastronomie… le Portugal, autrefois grande puissance du Vieux Continent qui guida les Grandes Découvertes, n’a rien perdu de sa splendeur d’antan. Entre terre et mer, dans sa partie continentale et au fil de ses archipels, l’ancien royaume combine une variété de paysages à la richesse d’un patrimoine hérité de son flamboyant passé, le tout servi par un climat clément et une douceur de vivre qui ravit les voyageurs et font du pays l’une des destinations désormais les plus prisées en Europe !

À lire également : Un livre, un pays – Portugal

CARTE D’IDENTITÉ

Capitale : Lisbonne

Superficie : 92 090 km2

Nombre d’habitants : 10,25 millions (en 2023)

Fuseau horaire : GMT en hiver et GMT+1 en été (une heure de décalage horaire avec la France)

Monnaie : l’euro (€)

Langue : le portugais et le mirandais, langue régionale devenue deuxième langue officielle du pays

Météo : le Portugal bénéficie d’un climat méditerranéen et océanique, avec des étés chauds et ensoleillés et des hivers plutôt doux

LES INCONTOURNABLES DU PORTUGAL

Lisbonne, la ville aux sept collines

Très appréciée des touristes depuis plusieurs années déjà, la capitale portugaise, de plus en plus fréquentée, se hisse assurément dans le classement des plus belles villes d’Europe ! Des clichés de carte postale à la réalité, tout y est : ruelles étroites, petits patios et façades colorées d’azulejos des quartiers de l’Alfama, du Graça ou du Bairro Alto, églises baroques, splendeurs de l’art manuélin à Belém, charme surrané de son vieil electrico, ce tramway jaune devenu véritable star locale… Ajoutez à cela des musées aux collections prestigieuses (la Fondation Gulbenkian et le musée Berardo ont tout des plus grands !), le quartier futuriste du parc des Nations, une vie nocturne animée : vous avez là la recette du succès !

Porto, au fil du Douro

Plus au nord, Porto, la deuxième ville du Portugal, tend de plus en plus à voler la vedette à sa concurrente lisboète… À taille humaine, souvent décrite comme plus authentique et paisible, son centre historique concentre nombre de trésors du patrimoine historique, artistique et religieux du pays. Ici aussi, les maisons aux façades de couleurs décorées d’azulejos défilent dans un dédale de ruelles et la vie bat son plein dans les rues commerçantes qui ne désemplissent pas jusqu’à la nuit tombée. Baignée par le Douro, on se régale d’une balade en bateau à la découverte de ses ponts, dont le plus fameux, le Dom Luiz II domine le quartier de Ribeira, cœur historique de la cité, reliant sur l’autre rive la ville de Vila Nova Gaia, fief des caves de porto, qui promet de délicieuses dégustations… !

L’Alentejo, voyage dans le passé

Au centre du pays, depuis la côte Atlantique jusqu’au cœur des terres, à la frontière avec l’Espagne, la région de l’Alentejo se déploie. Essentiellement rurale, plus confidentielle que les villes de Lisbonne et Porto, elle séduit le voyageur en quête d’authenticité. Ici, on admire une nature préservée, des collines à perte de vue, émaillées de vignes, de champs d’amandiers, d’oliviers et d’orangers, des forêts de chênes lièges… C’est la région de l’huile d’olive et du vin, qui ravissent les papilles. Mais les amateurs d’histoire et de vieilles pierres ne sont pas en reste !

D’anciennes cités médiévales fortifiées (Marvao, Monsaraz, Elvas…) succèdent à de petits villages au charme pittoresque. La capitale, Evora, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, offre un véritable voyage dans le passé grâce à la richesse de ses sites historiques (anciens temples et thermes romains, muraille et cathédrale médiévales, palais royal de la Renaissance gothique, palais des ducs de Cadaval de style manuélin et maure…). Quant au littoral, de petites stations balnéaires abritent parmi les plus belles plages du pays, idéales pour le surf… ou le farniente !

Madère, un petit goût de paradis

« L’île aux fleurs », « l’île de l’éternel printemps », « le jardin flottant de l’Atlantique »… les surnoms ne manquent pas pour désigner la belle Madère ! Grâce à climat subtropical offrant juste ce qu’il faut de chaleur et d’humidité, bercée par les vents aux quatre coins de ses îles, il y fait en effet ni trop chaud ni trop froid – une exceptionnelle douceur tout au long de l’année qui permet à la nature de s’y déployer, riche et généreuse, faisant de l’archipel une formidable réserve de biodiversité. Sur terre, elle est un paradis pour les amateurs de randonnées qui suivent les sentiers établis le long des levadas (ces petits canaux d’irrigation typiquement portugais) ; sur mer, elle ravit les plongeurs qui s’émerveillent de ses fonds marins, quand ses longues plages de sable fin invitent à la détente…

Les Açores, la nature à l’état pur

Région autonome du Portugal depuis 1976, ce petit archipel lové au milieu de l’Atlantique fait le bonheur des voyageurs en quête d’une nature sauvage et verdoyante, préservée du tourisme de masse. À l’heure où la crise climatique questionne nos pratiques touristiques, l’archipel a été promu première destination durable au monde, s’engageant sur la voie de l’écotourisme afin de protéger ses sites naturels remarquables. Ses îles volcaniques, aux paysages de pics, de lacs et de vallées, renferment une faune et une flore luxuriante qui se savourent en prenant son temps, au fil des sentiers de randonnées. Sur les côtes, de charmants petits villages de pêcheurs témoignent d’une culture locale qui tient à conserver ses traditions, héritées de plusieurs siècles.

LES COUPS DE CŒUR DE NOS SPÉCIALISTES

Julie Chamouleau, forfaitiste

À Lisbonne :

« Coup de cœur pour Lisbonne, capitale du pays, et ses quartiers, variés, colorés et riches. Notamment celui de Belém, situé sur les bords du Tage, point de départ des grands explorateurs du 16e siècle, où l’on peut voir les monuments les plus célèbres de Lisbonne : la Tour de Belém, le Monument des Découvertes, le Monastère des Hiéronymites, le Musée des carrosses… Et surtout, il ne faut pas oublier de s’arrêter déguster LA pâtisserie la plus célèbre du Portugal : le pasteis de Belém ! »

Sur l’île de São Miguel aux Açores :

« Outre l’expression “anticyclone des Açores”, je ne connaissais rien de cet archipel. J’ai eu la chance de découvrir quelques jours l’île de São Miguel. J’ai été émerveillée par ses paysages : Ponta Delgada, la capitale, aux monuments en pierre de basalte ; le Lac de Feu, le plus haut lac de l’île ; la caldeira des Sept Cités avec le Lac Vert et le Lac Bleu ; les champs de thé (oui, le climat s’y prête !) et les serres d’ananas… Mais mon coup de cœur a vraiment été le parc botanique de Furnas : l’ayant visité en automne, les couleurs étaient sublimes. J’ai même pu profiter de la piscine d’eau chaude ferrugineuse pour un moment de détente avant d’aller manger le cozido, le pot-au-feu açorien, cuit par géothermie dans la zone des geysers. Je n’ai qu’une envie maintenant : découvrir les autres îles ! »

Flavie Thouvenin, assistante d’édition et iconographe 

À Porto :

« Si, à la faveur d’un premier séjour, Lisbonne déjà m’avait ravie, pour ce retour en terres portugaises, c’est de Porto, sa petite sœur du nord du pays, dont je suis tombée sous le charme ! Attablée en terrasse d’une pasteileria sur la rue commerçante Santa Catarina, je prends le pouls de la ville. Dans ma ligne de mire, la célèbre chapelle de las Armas, toute d’azulejos bleus vêtue, une merveille ! L’odeur de café et de cannelle des pasteis de Nata (douceur très populaire auprès des touristes dont j’ai fait mon goûter quotidien durant mon séjour…) se mêle aux effluves des restaurants voisins, et le bourdonnement de la rue témoigne de l’animation incessante de cette artère où jusque tard dans la nuit se pressent locaux et visiteurs venus des quatre coins du globe goûter à la douceur de vivre portugaise… »

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L’Année de la mort de Ricardo Reis : le Lisbonne de José Saramago
Vue sur Lisbonne, L'année de la mort de Ricardo Reis, José Saramago, livre
Vue sur Lisbonne © A.-G. Brugeron

L’Année de la mort de Ricardo Reis, José Saramago

Par Marie Lagrave

L'année de la mort de Ricardo Reis, José Saramago, livre
© Points

Lisbonne, décembre 1935. Fernando Pessoa, immense écrivain de la littérature portugaise, vient de s’éteindre. Ricardo Reis revient alors au pays natal après 16 années d’exil. Du Brésil, il vient se recueillir sur la tombe du célèbre auteur. Hanté par le fantôme de Pessoa qui lui rend visite à de nombreuses reprises, il erre pendant de longs mois dans une Lisbonne d’abord constamment pluvieuse, puis de plus en plus ensoleillée. Son quotidien, ponctué par la lecture des journaux et son aventure avec une femme de chambre, nous plonge dans le Portugal des années 30, entre dictature salazariste et prémices de la Seconde Guerre mondiale.

José Saramago, du serrurier au prix Nobel de littérature

José Saramago auteur portugais L'année de la mort de Ricardo Reis
José Saramago en 1999 © Wikimedia Commons

Paru en 1984, L’Année de la mort de Ricardo Reis est le 5e roman de José Saramago. Né en 1922 dans une famille de paysans pauvres, dans la région du Ribatejo (au centre du Portugal), son seul diplôme est un brevet de serrurier. Il fait plusieurs métiers et, parallèlement, se passionne pour la littérature. Autodidacte, il écrit un premier roman, Terre du péché, dès 1947, mais le peu de succès qu’il rencontre et le manque de confiance en lui le poussent à abandonner l’expérience. Il devient alors journaliste, et il faudra attendre plus de vingt-cinq ans – et la perte de son emploi de directeur du Diario de Noticias à cause de son engagement au sein du parti communiste – pour qu’il se consacre à nouveau à la littérature.

Un recueil de poèmes, L’Année 1993, sort en 1975, puis un second roman, Manuel de peinture et de calligraphie, deux ans après. Ce livre est l’occasion pour lui de théoriser l’esthétique qu’il adoptera ensuite dans toutes ses œuvres. Écrivain réaliste selon ses propres dires, il s’intéresse en effet à la société et à l’actualité de son temps, mais ses romans sont imprégnés de fantastique : l’humanité devenant soudainement aveugle (dans L’Aveuglement) ou la péninsule ibérique se détachant du continent (dans Le Radeau de pierre). Son style se caractérise par un narrateur à la troisième personne, souvent ironique, et par un usage minimal de la ponctuation : uniquement des virgules, des points et quelques retours à ligne. Les dialogues, notamment, ne sont annoncés par aucun guillemet ou tiret, et se mêlent à la narration, rendant parfois floue la distinction entre les différentes voix qui prennent en charge le récit.

À partir de 1975, la production littéraire de Saramago devient ininterrompue. Le Dieu manchot, paru en 1982, lui apporte succès et reconnaissance internationale. Mais ses opinions et prises de positions font parfois scandale, comme c’est le cas en 1991 avec la publication de L’Évangile selon Jésus-Christ, qui suscite une vague d’indignation dans le milieu catholique portugais. Saramago quitte alors son pays et s’installe à Lanzarote, en Espagne, où il décédera en 2010. Son génie fut néanmoins largement reconnu de son vivant, et il obtint le prix Nobel de littérature en 1998. Il est à ce jour le seul écrivain portugais à avoir reçu cette distinction.

Un hommage vibrant à Fernando Pessoa et ses hétéronymes

Fernando Pessoa auteur portugais
Fernando Pessoa © Wikimedia Commons

L’Année de la mort de Ricardo Reis est avant tout un hommage à Fernando Pessoa, immense écrivain de la littérature portugaise, né en 1888 et décédé en 1935, auteur d’un grand nombre d’œuvres – de la poésie, mais également des essais, du théâtre… –, signées sous de multiples noms. On estime qu’il utilisa environ 70 noms de plume, ce foisonnement de pseudonymes lui permettant de justifier une production aussi abondante qu’hétérogène.

Mais Fernando Pessoa ne se contenta pas d’inventer de simples noms pour parapher son œuvre : toute sa vie, il s’est évertué à créer ce qu’il appela des hétéronymes, des pseudonymes devenus personnages à part entière, doté d’un style qui leur est propre, d’une biographie et d’une personnalité distinctes de celle de l’auteur. On compte 4 hétéronymes principaux de Pessoa : Alberto Caeiro, Alvaro de Campos, Bernardo Soares et… Ricardo Reis.

C’est donc un des doubles littéraires de Pessoa que José Saramago a repris pour en faire le principal protagoniste de son roman, survivant à la mort de son alter ego et revenant au Portugal dialoguer avec le fantôme de son inventeur. Ce roman est un hommage vibrant à Fernando Pessoa et ses hétéronymes, et un prolongement de son questionnement sur l’identité – ou plutôt, sur des identités multiples, fictives ou réelles. C’est également un « règlement de compte » avec le personnage de Ricardo Reis, que Saramago dit admirer pour ses odes mais dont il peine à supporter la posture, marquée par le stoïcisme.

Une fresque sociale et politique de Lisbonne

José Saramago fait revenir ce personnage à Lisbonne dans le contexte mouvementé de la dictature salazariste et des prémices de la Seconde Guerre mondiale. Les déambulations de Ricardo Reis dans la ville et sa lecture des journaux nous plongent dans cette actualité, et son aventure avec une femme de chambre (dont le frère est révolutionnaire) va peu à peu remettre en cause et questionner sa posture face au monde.

À travers ce roman, Saramago dessine une véritable fresque sociale et politique de Lisbonne, où se déroule quasiment l’intégralité du récit. La ville devient presque un personnage à part entière, Ricardo Reis y erre sans fin, commentant les évolutions qu’elle a connues pendant ses 16 années d’absence. On découvre ses rues, ses places, ses statues, mais également l’omniprésence du Tage, les pièces jouées au théâtre à cette époque, et les gens qui y habitent, comme ces deux vieux assis sur leur banc rue de Santa Catarina, qui semblent épier les allées et venues de Ricardo Reis. C’est finalement une véritable ode à Lisbonne, en écho au recueil Message de Fernando Pessoa, qui lui aussi chantait son amour pour cette ville.

Vue sur Lisbonne
Vue sur Lisbonne © A.-G. Brugeron

« Lisboa, Lisbon, Lisbonne, Lissabon, quatre formulations différentes, sans compter les intermédiaires et les imprécises, et les enfants savent maintenant ce qu’auparavant ils ignoraient et qu’ils savaient pourtant, rien, à peine un nom qui trouble leurs jeunes intelligences, prononcé de manière approximative avec l’accent propre aux Argentins, aux Uruguayens, aux Brésiliens ou aux Espagnols […] »
(L’Année de la mort de Ricardo Reis, José Saramago, Éditions Points, p. 16)

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Peuple aux origines mêlées, constitué de Celtes, d’Ibères et de Lusitaniens, le peuple portugais va aussi être marqué par la domination romaine, puis celle des Wisigoths et des Suèves, avant de connaître la conquête musulmane de l’Hispanie et la période du Gharb Al-Andalus. À la faveur de la Reconquista, le royaume du Portugal va devenir au XVe siècle l’une des principales puissances maritimes du monde et jouer un rôle majeur dans les Grandes Découvertes, en se constituant un vaste empire colonial en Afrique, en Asie, en Océanie et en Amérique du Sud. Un voyage culturel au Portugal avec Arts et Vie vous mènera à la découverte de ces différentes strates qui façonnèrent l’identité du pays et des traces nombreuses qui en firent la gloire. Des rois comme Henri le Navigateur, Jean II, Manuel Ier et des navigateurs comme Diogo Cão, Bartolomeu Dias ou Vasco de Gama étendirent les frontières du petit royaume bien au-delà des mers, jusqu’au Congo, au Cap-Vert, à Goa, au Timor et au Brésil.

À l’entrée du port de Lisbonne, le monastère des Hiéronymites, édifié pour perpétuer la mémoire du prince Henri le navigateur, et la tour de Bélem, construite pour commémorer l’expédition de Vasco de Gama, rappellent cette période de faste et de grandes découvertes. La très riche ornementation du monastère procède de l’exubérance propre au style manuélin, à ses dentelles de pierre et à ses motifs naturalistes rappelant les cordes utilisées dans la navigation et emprunte à la fois à l’art roman, au gothique flamboyant et au style mauresque. C’est à Guimarães, « ville-berceau » que s’est forgée, au XIIe siècle, l’identité nationale portugaise : son centre historique, exceptionnellement bien conservé, témoigne de la transformation d’une ville médiévale en ville moderne, grâce à l’utilisation continue de matériaux et de techniques de construction traditionnels. D’autres bâtiments emblématiques forgèrent l’identité portugaise, comme Coimbra, qui illustre l’interdépendance entre une ville et une université. Ou encore le paysage urbain de Tomar, dominé par le vaste Couvent du Christ ceint par les murs du château de Tomar. Fondé en 1160 par Gualdim Pais, grand maître des Templiers, puis remanié sur une période de cinq siècles, le Couvent du Christ témoigne d’une architecture mêlant les styles roman, gothique, manuélin, renaissant, maniériste et baroque. La pièce maîtresse en est l’Oratoire des Templiers, inspiré par la Rotonde du Saint-Sépulcre à Jérusalem.

Dans l’abbaye de Santa Maria d’Alcobaça, au nord de Lisbonne, vous pourrez vous recueillir devant les tombeaux de Pierre Ier et d’Inès de Castro, dont le sort tragique inspira tant de poèmes, de romans et de pièces de théâtre, et admirer la ligne claire et l’exécution rigoureuse de l’art gothique cistercien. Le Portugal bâtit également sa richesse sur ses nombreux ports. Ainsi de Porto, s’étageant sur les collines que baigne le Douro et dont la croissance continue depuis les Romains se lit dans la profusion de monuments : cathédrale au chœur roman, l’église Santa Clara d’esprit manuélin, à la Bourse et théâtre São João de style néo-classique. Un voyage culturel au Portugal avec Arts et Vie vous fera aussi découvrir aussi des paysages tantôt âpres, tantôt opulents. Ceux de la région viticole du Haut-Douro, avec leurs terrasses, leurs quintas et leurs chapelles ; ceux de l’île volcanique du Pico dans l’archipel des Açores ; ceux de l’île-jardin de Madère ; ceux, enfin, de la serra de Sintra. Sintra devint, au début du XIXe siècle, le premier lieu où s’exprima, en Europe, une sensibilité nouvelle, lorsque le prince Ferdinand de Saxe Cobourg et Gotha transforma les ruines de l’ancien monastère Notre-Dame de la Péna édifié en 1503 en château de la Péna. La nouvelle sensibilité romantique s’y manifesta par l’utilisation éclectique d’éléments néo-gothiques, renaissants, égyptiens et mauresques, et par la création d’un jardin mêlant essences locales et plantes exotiques. Quant au Palais de Monserrate conçu alentour pour Sir Francis Cook par James Knowles fils, il s’est organisé autour des ruines d’un bâtiment plus ancien et marie avec audace le néo-gothique à une architecture fastueuse et colorée reprise aux palais hindous.

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